Lit d’arrêt dans la mire d’une enquête publique

3 septembre 2014
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Les lits d’arrêt de la province sont sur la sellette avec la tenue dans les prochains mois d’une enquête publique sur l’accident de camion mortel survenu il y a un an à Petite-Rivière-Saint-François.

Le 3 septembre 2013, le camionneur Yan Turnbull-Charbonneau, 32 ans, a trouvé la mort quand son camion muni d’une pompe à béton a basculé dans le ravin situé à l’extrémité du lit d’arrêt. Incapable de s’immobiliser, il avait traversé le lit de gravier et défoncé les barils atténuateurs d’impact ainsi qu’un mur de béton. Quelques secondes avant le drame, le conducteur était parvenu à contourner un autobus scolaire avant de s’engager in extremis dans le lit d’arrêt. Un second accident en un peu moins de trois ans pour cette infrastructure.

En avril dernier, le coroner en chef, Me Denis Marsolais, a finalement ordonné une enquête publique sur le décès de Yann Turnbull-Charbonnneau. Selon l’ordonnance, une telle enquête est justifiée par plusieurs éléments : l’infrastructure d’urgence de la rue Principale à Petite-Rivière-Saint-François n’a pas arrêté la course du camion que conduisait M. Turnbull-Charbonneau, « plusieurs lits d’arrêt sont utilisés au Québec, comme mécanisme d’immobilisation de véhicules lourds » et l’audition de témoins est nécessaire.

L’annonce était passée inaperçue jusqu’à maintenant. Les dates et l’endroit des audiences devraient être annoncés d’ici la fin septembre, selon la porte-parole du Bureau du coroner, Geneviève Guilbault. C’est la coroner Andrée Kronström, qui avait enquêté sur l’accident de la côte des Éboulements, qui présidera ces audiences. Une étape qui doit toutefois attendre la fin de l’enquête de la Commission de la sécurité et de la santé au travail (CSST), qui en est à la rédaction du rapport après avoir notamment demandé à une firme externe d’étudier le lit d’arrêt. 

En janvier dernier, la Sûreté du Québec avait pour sa part conclu son enquête, ne relevant « aucun élément criminel » dans cet événement. Elle précisait toutefois que « plusieurs facteurs humains » avaient joué un rôle dans l’accident.

Bonification de l’infrastructure

Suite à l’accident de septembre 2013, en marge des enquêtes en cours, le ministère des Transports du Québec a remis le lit d’arrêt de Petite-Rivière-Saint-François en fonction et a poursuivi son entretien régulier. Il a aussi pris « des mesures supplémentaires afin d’assurer la sécurité », précise la porte-parole du MTQ, Noémie Vanheuverzwijn. La signalisation a été bonifiée, un mur gardant les camions dans le lit a été ajouté à gauche et les barils atténuateurs d’impacts, situés à l’extrémité, ont été rehaussés de 50 centimètres. Des aménagements non chiffrés par le ministère qui a mené les travaux à l’interne et utilisé ses matériaux. 

Il s’agissait d’une seconde vague de modifications pour ce lit d’arrêt construit au début des années 2000. En effet, suite à l’accident de 2010, où le conducteur d’un camion benne avait été gravement blessé, le MTQ avait mené ses propres tests et bonifié l’infrastructure en y ajoutant notamment une barrière et des atténuateurs d’impact. Et suite à l’accident de septembre 2013, le MTQ a créé un comité interne avec ses experts pour régler définitivement les problèmes de sécurité sur ce lit d’arrêt. 

Compte tenu de l’enquête en cours, à laquelle il « collabore », le MTQ « réserve ses commentaires » jusqu’à ce qu’il ait « pris acte du rapport et des recommandations, s’il y a lieu ».

Le Québec compte huit lits d’arrêt, dont la majorité sont dans Charlevoix. Outre celui de Petite-Rivière-Saint-François, les usagers de la route ont accès à ces infrastructures de secours dans les côtes des Éboulements, de Baie-Saint-Paul (2) et de Clermont ainsi que dans la région de Tadoussac (2) et de Valley-Jonction. Des infrastructures qui, « après 20 ans, demeurent sécuritaires et ont prouvé leur utilité à maintes reprises », affirme le MTQ.

 

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