Les bélugas avant le pétrole

22 mai 2014
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La municipalité de Saint-Siméon joint sa voix à celle d’organismes de protection de la nature pour la défense des bélugas et de la « pouponnière » de Cacouna. Ils demandent au gouvernement canadien de faire respecter sa propre Loi sur les espèces en péril et de suspendre les travaux de forage dans cette aire de fréquentation protégée.

Situé en face du Parc marin Saguenay-Saint-Laurent, le port de Cacouna est ciblé par TransCanada pour le transbordement de pétrole et le projet d’Oléoduc Énergie Est. Après des tests sismiques plus tôt ce printemps, voilà que des forages sont projetés dans une zone et à une période critique pour la reproduction des bélugas.

La Cour supérieure du Québec entendra vendredi à Montréal une demande d’injonction de groupes de protections de la nature qui demandent que les travaux soient suspendus dans cette « pouponnière à bélugas ». Le Centre québécois du droit à l’environnement mène la démarche conjointement avec la Fondation David Suzuki, Nature Québec, la Société pour la nature et les parcs du Canada et la citoyenne France Dionne. La demande est encouragée par le Fonds mondial pour la nature et la municipalité de Saint-Siméon, dans Charlevoix.

Sur la rive nord du fleuve, le maire de Saint-Siméon, Sylvain Tremblay, déplore d’ailleurs ce qui se joue sur la rive d’en face et abat avec vigueur la carte économique de l’industrie des croisières d’observation. « Ce projet n’a aucun sens. Il faut être conséquent avec ce que l’ont fait et ce que l’ont dit défendre. Nous avons un parc marin (Parc marin Saguenay-Saint-Laurent) devant nous créé pour protéger les mammifères marins. Nous avons une industrie des croisières qui nous rapporte 80 millions $ par année en retombées économiques. Si un déversement de pétrole se produisait à Cacouna, même petit, c’est toute cette industrie qui écoperait. Et le Québec et le Canada perdrait leur notoriété touristique », expose-t-il.

Greenpeace en kayak

S’invitant comme observateurs, des activistes de Grennpeace ont arpenté les eaux de Cacouna en kayak cette semaine en compagnie d’un guide d’observation. La présence d’une quarantaine de bélugas y a été relevée. « Actuellement, le gouvernement canadien va à l’encontre de sa propre Loi sur les espèces menacées », déplore le responsable de campagne climat et énergie au Canada pour Greenpeace, Patrick Bonin.

L’organisme comptait quatre observateurs sur les lieux et y restera le temps nécessaire. « Notre présence vise à s’assurer qu’on sache ce qui se passe sur le terrain, parce qu’on ne peut pas faire confiance à TransCanada. » Greenpeace demande au gouvernement canadien d’appliquer sa Loi sur les espèces en périls et questionne le mutisme de Québec dans ce projet : « Il a sa propre loi sur les espèces en péril à faire respecter », rappelle M. Bonin.

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