Avenir des commissions scolaires: Charlevoix prête à jouer le jeu

2 avril 2014
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La Commission scolaire de Charlevoix (CSC) est prête à jouer les cobayes pour la cause des commissions scolaires et à ouvrir ses livres au prochain parti au pouvoir.

« Nous sommes intéressés à nous faire expertiser, à démontrer notre gouvernance et comment le financement du gouvernement n’est pas modulé par rapport aux petits commissions scolaires dont nous sommes. Nos gestionnaires adhèrent à cette invitation et les commissaires ont pris une résolution afin que nous soyons expertisés », précise le président de la CSC, Pierre Girard.

La Commission scolaire de Charlevoix compte 3000 élèves et est la 6e plus petite de la province. Elle a deux écoles secondaires qui regroupent moins de 1000 élèves chacune et 15 écoles primaires de moins de 300 élèves. En fait, cinq de ses « petites écoles » comptent plus de 91 élèves alors que trois rassemblent moins de 40 enfants et sept en ont entre 41 et 90. Bordée à l’est par la Côte-Nord, au nord par le Saguenay et à l’ouest par les Premières Seigneuries, elle craint un mariage forcé mal assorti.

Le gouvernement péquiste avait comme projet, avant les élections, de confier à un comité d’experts la question d’étudier le financement, l’administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires. Ce comité devait notamment impliquer cinq ou six commissions scolaires témoins dans son processus. « Nous voulons faire partie de ce groupe. Normalement, les commissions scolaires n’aiment pas ce genre d’exercice, mais nous, on veut faire partie prenante, avec nos particularités propres à Charlevoix et avec nos résultats, dont nous sommes particulièrement fiers », mentionne M. Girard.

Selon la méthode de calcul du gouvernement du Québec, un élève coûte 10 281 $ dans Charlevoix, soit 22 % de plus que la moyenne du réseau qui est de 8 400 $ par élève. Pour les autres territoires de moins de 5000 élèves, le coût par élève est quant à lui de 10 776 $, soit 28 % de plus que la moyenne québécoise.

« Le groupe d’experts pourra donner une réflexion juste et équitable sur la réalité des petits commissions scolaires en région. On pense que si les experts viennent ici, ils constateront qu’il y a plutôt lieu de moduler l’aide financière. Nous avons de la difficulté avec les programmes et à nous maintenir comme organisation autonome avec le financement adéquat. Pourtant, chaque étudiant a droit à des services équivalents peu importe où il se trouve au Québec », soutient M. Girard qui est confiant que son organisation sortira gagnante du processus, d’autant plus qu’elle a déjà participé à un processus de fusion en 1998.

« Peu importe le parti qui sera élu » le 7 avril au soir, M. Girard et son équipe sont prêts à jouer le jeu. « Ce sera bon pour Charlevoix, mais aussi pour l’ensemble des petits commissions scolaires qui ont les mêmes caractéristiques que nous, qui ont des particularités en terme de population et de territoire. »

Écoles privés

Dans la foulée, M. Girard questionne également le financement des écoles privées au Québec par le gouvernement du Québec. « Dans son financement, le gouvernement devrait tenir compte des spécificités de régions comme celles de Charlevoix », martèle M. Girard qui croit qu’il y a « lieu de trouver l’argent ailleurs, comme dans les écoles privées qui n’ont aucun avantage pour Charlevoix. Ce sont près de 600 millions $ aujourd’hui qui vont au financement de ces écoles. Il n’y a pas un chef de parti qui en parle en campagne électorale. Dans le contexte financier du Québec, on devrait plutôt regarder ailleurs que dans notre cour. »

 

 

b) Pierre Girard est président de la Commission scolaire de Charlevoix.

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