Le syndicat ne baisse pas les bras

Par Emelie Bernier 13 février 2014
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Ce matin, ça bourdonnait à la résidence de Stéphan Beaudoin à Clermont. Avec 3 autres membres de l’exécutif syndical, Marc-André Gaudreault, Tobie Jean et François Tremblay, Stéphane multipliait les démarches. « On est dans l’action. Si on peut faire de quoi, on va le faire », résumait Marc-André Gaudreault, débiné, mais déterminé à se battre.

Depuis 10 ans, il est à l’emploi de General Cable comme électricien. Il sait qu’il n’aura pas de misère à se replacer si le pire devait se concrétiser, mais ce n’est vraiment pas de gaieté de cœur qu’il partira. «Je devrais être capable de me débrouiller, mais repartir à 0, ça me tente pas.  Pour le coin, General Cable, c’est bonnes conditions. Et tu rentres chez vous tous les soirs », résume-t-il, ajoutant qu’il n’a pas « envie de perdre la gang ». Il s’inquiète surtout pour les travailleurs un peu plus âgés. La moyenne d’âge est d’environ 45 ans. Le salaire annuel oscille entre 54 000$ et 65 000$.


Le son de cloche est le même du côté de Tobie Jean. «On va continuer à travailler durant 2 mois en sachant que ça va fermer. On sera pas à notre top de motivation, même si on a aucun intérêt à faire du trouble », résume-t-il.

Il se désole que plusieurs employés aient appris la fermeture imminente sur Facebook. « C’est pas très délicat de la part de l’entreprise, ils ont même pas pris la peine de nous convoquer pour nous l’annoncer tous en même temps », lance-t-il. C’est Tim Wampler, le vice président Amérique du Nord, qui s’est déplacé pour faire l’annonce.


Malgré l’ambiance morose, l’exécutif se sent supporté. «Oui, ça brasse, mais il faut qu’on s’organise. Par le passé, ils ont déjà refusé de l’argent du CLD, ils ne veulent rien devoir à personne », résume M. Jean.


Ils cultivent l’espoir de voir l’usine rachetée. « On a parlé à Hydro Québec, ils sont très mécontents parce que General Cable a le monopole et il n’y aura plus d’usine au Québec. Hydro, c’est pas assez de contrats pour faire vivre l’usine, on peut pas compter juste sur eux, mais ils nous appuient je pense », précise M. Jean. Il rappelle qu’en 95, 4 compagnies fournissaient Hydro Québec, dont deux ont fermé. La 3e, Alcan, a été rachetée par General Cable, créant cette situation de monopole.


Dans la cuisine, François Tremblay et Stéphan Beaudoin discutent ferme, préférant taire l’identité de leurs interlocuteurs.


« C’est dans notre mandat d’essayer de sauver la job des gars, sauver ce qui peut être sauvé », lance Tobie Jean.


Le scénario semble plus sombre que celui d’il y a trois ans, quand une crise avait secoué l’usine. Un plan de relance avait toutefois permis de garder les employés en poste.

« Ce qu’il faut, c’est se trouver un acheteur, parce que chez General Cable, la décision est prise. Et ce sont des Américains, ils agissent en cow-boy. Vont-ils vouloir vendre? », conclut Marc-André Gaudreault.  

 

Une rencontre positive en fin d’avant midi

« On a rencontré les gens de la MRC ce matin. On sent que les gens sont mobilisés : la MRC,  Emploi Québec, l’attaché de presse de Mme Marois, le CLD…  On se sent pas trop tout seuls », ajoute pour sa part François Tremblay. Il qualifie la rencontre de positive, malgré les circonstances.  

« On a clarifié les choses pour que tout le monde se tienne au courant des démarches », conclut M. Tremblay.

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