Église, amour et grand courage

24 Décembre 2013
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Est-ce que l’amour nourrit la vie? À voir Rémi Guérin et son épouse Mauryne Tremblay traverser la leur, bonheur et difficultés inclus, il est facile d’en être convaincu… et d’y croire.

Si je suis débarquée chez M. et Mme Guérin à La Malbaie, c’est parce que trône dans leur cuisine une magnifique reproduction de l’église de La Malbaie. Aux prises avec des problèmes de santé qui les tiennent tous deux à l’écart de la vie active, le couple qui célèbre ses 47 ans de mariage ce 26 décembre fait contre mauvaise fortune bon cœur et aborde la vie avec courage. Un exemple pour leur fille Lucie, qui les a convaincus de raconter leur histoire.

« Quand j’ai su que j’avais le cancer, je me suis dit : faut que je fasse quelque chose sinon je vais virer fou. Ça me prenait un défi. Je regardais l’église de La Malbaie et je la trouvais belle. Et compliquée. Elle a plusieurs angles. Je me suis lancé », raconte Rémi Guérin qui a à son actif quelques reproductions, dont la maison familiale de Saint-Fidèle.

Originaire de Saint-Siméon, l’homme donne l’impression d’avoir vécu cent vies. D’abord marin sur les goélettes, il a ensuite été ingénieur mécanique à bord de navires. Marié, le père de famille abandonnera la mer pour voir grandir ses enfants et se rapprocher de sa Mauryne. La famille ira vivre à Roberval quelques années avant de passer du côté de la Côte-Nord. Un autre épisode marqué par vingt ans de vie, dont dix avec une moitié du cœur à La Malbaie.

À l’heure de la retraite, malmené par des problèmes cardiaques qui le mettront presque dans le lit de la mort, M. Guérin garde le goût de travailler et de la vie, tiendra compagnie à sa femme dans son ancienne boutique du centre ville (La Malbaie), et donne de son temps au Musée maritime de Charlevoix. Mais avec les mauvaises nouvelles de santé qui s’accumulent, Mauryne ferme boutique après 16 ans. Depuis, le couple franchit sa vie et ses difficultés en s’inspirant de l’exemple de ses aïeuls, faisant preuve d’une complicité et d’une volonté à toute épreuve.

« Je me rappelle de ce que disait mon père. « On est rendu là ». Ça me donne du courage », confit Mauryne. La présence de son Rémi et de son optimisme à toute épreuve est d’un grand réconfort. « Je me suis toujours dit que l’amour que j’avais pour Rémi était plus fort que le travail. Il fallait rester ensemble », ajoute Mme Tremblay pour expliquer sa décision de ferme sa boutique.

« C’est là que les années qu’on a été ensemble sont importantes », ajoute Mme Tremblay. « On s’aide beaucoup. Nous voulons rester chez nous le plus longtemps possible. »

Et pour en revenir à la reproduction de l’église de La Malbaie, M. Guérin estime qu’il aura mis plus de 300 heures dans cette maquette fabriquée de battons de café, à travers des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie.  Mme Tremblay tolère les brindilles de bois et la poussière sur son plancher pendant que M. Guérin coupe, colle, vise, peint et se taillade les doigts. Car les maquettes, c’est en attendant. M. Guérin « veut retourner travailler au Musée ».

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