De bons mots pour un camionneur héroïque
La ligne entre le calme et le drame peut être mince. Le conducteur d’autobus scolaire Jean-Guy Bouchard peut en témoigner. Mardi midi, il s’est retrouvé « indirectement témoin » des manœuvres du camionneur de bétonnière décédé, Yann Turnbull, pour immobiliser son camion fou à Petite-Rivière-Saint-François.
« Si j’avais une médaille à rendre, je la lui donnerai », affirme M. Bouchard. Pour lui, le chauffeur de la bétonnière décédé mardi, Yann Turnbull, est un héro puisqu’avant d’engager son camion dans le lit d’arrêt de Petite-Rivière-Saint-François, il a évité de justesse son autobus scolaire et son précieux butin.
« J’étais au pied de la côte, à peut-être 200 à 300 pieds de l’entrée du lit d’arrêt. Je venais d’embarquer le troisième élève quand j’ai entendu un fracas d’enfer derrière nous », raconte avec calme le conducteur d’autobus et ancien maire de Petite-Rivière qui reprenait les élèves après l’heure du dîner. Il avait à son bord trois élèves de 5 et 6 ans et son jeune brigadier de 6e année.
« Nous avons vu arriver ce camion, avec le bruit des pneus et la boucane. J’ai crié au brigadier d’embarquer et j’ai fermé la porte. J’ai vu le camion commencer à changer de voie. À ce moment là, pour nous, c’était de ne pas bouger. Le camion est passé autour de nous et le conducteur a ensuite commencé à ramener son camion vers le lit d’arrêt », explique celui qui en était à son premier événement du genre en 38 ans de carrière. « Quand je l’ai vu commencer à changer de voie, j’ai collé le nez de l’autobus le plus possible vers le côté de la route et on s’est arrêté. Si j’avais continué à avancer, je lui aurais bloqué l’accès au lit d’arrêt. Ce sont des fractions de secondes, tout se passe tellement vite », ajoute le conducteur, hanté par les scénarios qui auraient pu se produire ce midi là. Si un élève avait traversé la route à ce moment, si le chauffeur avait « choisi de sauter et de laisser aller son camion », si une voiture était venue en sens inverse, si le camion s’était renversé.
« C’est dommage que ça se termine comme ça », confit M. Bouchard. « Ce chauffeur a fait le nécessaire pour nous éviter et nous dépasser. Sa manœuvre a été un succès pour nous, mais lui aura peut-être coûté la vie en l’empêchant de rentrer droit dans le lit d’arrêt. Je sympathise beaucoup avec la famille. Cet homme a sauvé d’autres vies avant de perdre la sienne. Avec tout ce qui est arrivée, c’est important de le souligner. »
L’événement de mardi a créé une onde de chair de poule à la Commission scolaire de Charlevoix où 2400 élèves sont transportés quotidiennement sur quelques 4 700 kilomètres de routes. « Les enfants ont eux plus ou moins conscience de ce qui s’est passé. Nous sommes restés à l’écoute, sans créer d’événement, et notre équipe d’intervention était prête en cas de besoins », explique la directrice générale, Martine Vallée. Un « événement malheureux et triste » qui ne devrait pas avoir d’incidences sur les pratiques en transport scolaire dans la région. « Nous étions en présence d’un camion en perte de contrôle. Les deux conducteurs ont agit de la meilleure façon étant donné les circonstances », conclut Mme Vallée.
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