Désormais, des produits régionaux porteront le sceau d’authenticité Certifié Terroir Charlevoix. Après trois ans de travail et près de 200 000 $ d’investissements, la Table agrotouristique de Charlevoix lance la première certification d’origine au Québec.
« Aujourd’hui, j’ai un grand sentiment de fierté », a lancé le président de la Table agrotouristique de Charlevoix, Damien Girard, lors du lancement de la certification d’origine menée en marge du souper bénéfice de l’organisme le 5 avril. Ce premier sceau québécois assurant l’authenticité régionale d’un produit survient près de 20 ans après la formation de la Route des saveurs de Charlevoix. « Dans Charlevoix, on fait des choses uniques et c’est ça qu’on démontre aujourd’hui », ajoute M. Girard.
En inscrivant le mot « terroir » dans sa certification, la Table agro veut redorer un mot « très galvaudé ». « Si une région peut remettre à niveau le terroir, c’est bien la nôtre. Et c’est notre défi. Nous le défendrons jusqu’au bout et nous démontrerons aux québécois que le terroir, c’est ça et c’est rien d’autre », affirme M. Girard.
Faisant référence à l’impact météoritique qui a façonné la région, le logo se veut d’ailleurs une représentation de ce terroir où l’agriculture se fait dans une géographie montagneuse.
Cahier de charge
Le processus ayant mené au sceau Certifié Terroir Charlevoix a duré trois ans et nécessité près de 200 000 $ d’investissement. Développée avec le soutien de la firme d’expert-conseil CertiRessources, la certification avait comme plus gros défi « d’englober tout le monde », des cosmétiques fabriqués à partir d’huile d’émeu au fromage par exemple.
« Nous avons un programme de certification complet, et c’est déjà un grand défi parce qu’il touche à divers produits », précise le président de CertiRessources, Christian Legault. « La certification compte plusieurs normes pour chacune des étapes, du champs à la table du consommateur. Elle comprend un processus de traçabilité à chaque étape. Nous sommes arrivés à un équilibre entre la pose des exigences et la réalité de leur production ».
Un cahier de charge complet aborde « les vraies questions », pour tous les types de produits rencontrés sur le terroir charlevoisien. À titre d’exemple, l’âge des animaux Certifiés Terroir Charlevoix est dicté, tout comme l’origine des grains de la moulée et le contenu de la recette des produits transformés. C’est l’organisme CONCERT, une division d’ÉCOCERT, qui a le mandat du respect des normes.
Quatre fermes ont participé au projet pilote, soit l’Émeu de Charlevoix, la Maison d’affinage Maurice Dufour, les Viandes biologiques de Charlevoix et les Vergers Pedneault.
Coûts et approvisionnement
Il en coûtera entre 500 et 1000 $ par année par producteur, transformateur ou restaurateur pour obtenir la certification d’origine. Un prix qui varie selon le nombre de produits certifiés. « La certification est pour un produit unique. Un producteur peut avoir plusieurs produits certifiés ou un seul », précise Damien Girard.
Pour le moment, la Table agrotouristique n’a pas d’objectif sur le nombre de produits Certifiés Terroir Charlevoix. Par contre, notamment avec les fermes pilotes, la Table croit qu’une quarantaine de produits afficheront prochainement le sceau. « Certains producteurs sont prêts, et d’autres ont un cheminement à faire », explique M. Girard, ravit de voir certains joueurs importants entreprendre des démarches pour obtenir la certification, dont le Veau Charlevoix. « Il y a une concertation régionale, des gens embarquent dans le sillon », constate-t-il.
Sur la question de l’origine des grains consommés par des bovins, des émeus ou des vaches laitières participant à la certification, la Table a obtenu la collaboration de la Meunerie Charlevoix et de la coopérative Agrivoix. « Nous les avons impliqué dans le processus. Ces entreprises vont s’assurer de garder disponible pour les producteurs locaux des grains produits ici qui autrefois étaient vendus à l’extérieur. La Meunerie Charlevoix produira une moulée du terroir Charlevoix. Ce que la certification va amener de beau, c’est que la région va devenir automne au niveau des marchés, avec un prix terroir Charlevoix », croit M. Girard. « On a un produit particulier à spécificité unique. Ça concerne autant les producteurs conventionnels que les producteurs du terroir. Ça nous protègera tous contres les aléas du marché. »
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