Dossier Accessibilité Un monde d’entraves

Par Emelie Bernier 18 février 2013 Initiative de journalisme local
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Julie Harvey ou la colère devant l’injustice

Julie Harvey est atteinte de dystrophie myotonique de Steinert, tristement connue sous le vocable de « maladie de Charlevoix ». Cette maladie, héréditaire et dégénérative, atrophie les muscles, dont le cœur, les poumons et même les cordes vocales. Les gens qui en souffrent doivent composer au fil du temps avec les stigmates de plus en plus marqués de la maladie. Pour sa part, Mme Harvey se déplace désormais en fauteuil roulant, bien qu’elle puisse encore faire quelques pas, au bras de son conjoint.

 

En signant la lettre ouverte, Mme Harvey voulait dénoncer, au nom des milliers de personnes qui, comme elle, ont besoin d’assistance pour se déplacer quotidiennement, ce qu’elle considère comme une aberration. Elle juge inadmissible qu’en 2013, une partie de la société soit ainsi mise au rancart.

 

«Nous sommes en 2013, dans un pays qui se dit développé. Comment se fait-il que des lacunes aussi aberrantes subsistent encore ?», déplore-t-elle. Si elle peut compter sur son conjoint, qui l’aide à surmonter les difficultés causées par ici une marche trop haute, là une porte impossible à ouvrir, il n’en est pas de même pour tous ses compatriotes. «Le fait de ne pas avoir accès surtout lorsqu’on parle d’un édifice public me fait sentir exclue, oubliée, négligée… On se sent comme un citoyen de classe inférieure. Le sentiment est indescriptible ! », confie-t-elle.

 

Selon elle, seule une loi claire et incontournable pourrait faire une véritable différence, puisque la bonne foi ne semble pas faire ses preuves. « Les lois ne sont pas claires, du moins on remarque un grand laxisme de la part des autorités concernées à les appliquer.  Certaines lois paraissent claires, mais sont applicables seulement à partir d’une date précise, et non rétroactivement. Elles ne s’appliquent pas aux édifices de service (privés) loués par le gouvernement, ce qui est un non-sens », poursuit la dame, excédée.

 

Elle croit que le gouvernement devrait être un exemple en la matière. «Tout bâtiment gouvernemental, loué au privé ou pas, récent ou non, devrait impérativement être accessible», clame-t-elle.  Le fait que le Bureau de l’Aide juridique du Québec de La Malbaie, situé dans ce même édifice depuis des années, ne soit pas encore accessible, est « une incohérence totale à l’application de ces lois », ne se gêne pas pour dénoncer Mme Harvey.

 

Conformité et uniformité sont selon elle les mots d’ordre qui devraient orienter une refonte des lois encadrant l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. «Actuellement, les lois sont aberrantes et désuètes en ce sens qu’un petit commerce qui se bâtit sur la rue doit être conforme aux normes d’accessibilité en fauteuil roulant, mais un édifice du gouvernement offrant des services publics n’est pas obligé de se conformer. C’est de la foutaise! » de conclure la dame, qui espère vivre assez longtemps pour voir le jour où ses pairs pourront aller partout sans encombre…

 

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