Le visage familier de l’abus

Par Emelie Bernier 3 juin 2011 Initiative de journalisme local
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Journée mondiale de sensibilisaton pour contrer la maltraitance aux aînés

Mme Tremblay semble mal à l’aise. Accompagnée de son fils, elle est venue à la caisse pour signer une procuration qui permettra à ce dernier de lui « rendre  service »… Au fond d’elle-même grandit un doute, mais elle se garde bien d’en faire mention. Après tout, son fils lui a promis de s’occuper d’elle, si elle signe…

 

Des exemples comme celui-ci, évidemment fictif, les travailleurs des caisses Desjardins en voient passer plusieurs par année. De plus en plus, ils sont entraînés à détecter les tentatives d’abus matériel de la part des proches des personnes âgées. Dans Charlevoix, une proportion de 80% des actes de maltraitance sont imputables à des membres de la famille immédiate des victimes : enfants, petits-enfants, conjoint, gendre ou bru.

 

« Le terme maltraitance est désormais d’usage pour qualifier toute forme de violence, d’abus, d’exploitation, de négligence et de mauvais traitements envers les aînés », explique Louise Boulianne, intervenante pivot dans ce secteur spécifique au centre de santé et de services sociaux de Charlevoix. Elle fait partie du GIAC, le Groupe d’intervention aînés Charlevoix qui regroupe les partenaires communautaires et privés qui peuvent avoir à négocier avec ce type de situations. « Le GIAC permet de donner des outils pour que les interventions soient faites à la base, dès l’identification du problème. Autour de la table, nous partageons nos interventions pour être plus efficaces », explique Mme Boulianne.

 

La maison La Montée, le Centre communautaire Pro-Santé, Les Caisses Desjardins de Charlevoix, le CSSSC et l’Agence, le centre des femmes  font partie du GIAC. « Ce sont des situations très complexes et le GIAC a un but de concertation, d’échanges, afin de soutenir les intervenants. L’objectif commun, c’est d’aider la personne. Pour intervenir, il faut d’abord créer le lien de confiance et obtenir le consentement », de renchérir Robert Simard, responsable de la coordination régionale en matière de maltraitance envers les aînés. «Les  liens souvent forts entre la victime et l’abuseur complexifient l’intervention. Les personnes âgées ont peur des démarches, ils ne veulent pas se rendre à la requête juridique », croit pour sa part Marie-Eve Gagnon, intervenante communautaire au CSSSC.

 

Lucie Bradet, des Caisses Desjardins de Charlevoix, constate régulièrement à quel point les situations de maltraitance sont délicates. «Il faut intervenir quand la personne est prête. En prenant le problème à la base, on contrarie l’abuseur et souvent, ça freine dès le début. » Le projet de former les gens des institutions va donc bon train en ce sens. « La collaboration est excellente », soutient M. Simard. Des irrégularités dans le budget des aînés peuvent aussi mettre la puce à l’oreille, comme l’a constaté Annie Bouchard, coordonatrice du maintien à domicile et adjointe à la direction au centre communautaire Pro-Santé.

 

Si on parle beaucoup ici d’abus financier, la maltraitance peut prendre plusieurs formes : physique, psychologique ou émotionnelle, sexuelle. La négligence et la violation des droits de la personne font aussi partie des types de maltraitance.   

Divers outils sont mis à la disposition des intervenants qui oeuvrent auprès de la clientèle aînée afin de redonner du pouvoir à celle-ci et de prévenir la maltraitance. Dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation, des capsules audios et vidéos seront présentées sur les ondes de CIHO et sur celles des télévisions communautaires. À lire aussi, une page dans l’Hebdo Charlevoisien.

 

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