Le saumon mis en danger

11 août 2010
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Le Centre d’expertise hydrique du Québec a mis en danger la population de saumons de la rivière Malbaie en abaissant le niveau de la rivière en aval du barrage des Érables, dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) a dû interdire la poursuite des travaux. Saumon Rivière Malbaie, qui est le gestionnaire de la rivière, parle d’un geste irresponsable.

Le Centre d’expertise hydrique a effectué la réfection du barrage des Érables. Le 30 juillet, il a décidé de faire remonter le niveau d’eau en amont, ce qui a eu pour conséquence d’abaisser le niveau en aval, là où des montaisons de 400 saumons ont été enregistrées. Il a posé ce geste sans avertir ni Saumon Rivière  Malbaie, ni le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

Le hic, c’est que le niveau est déjà à un seuil critique : les précipitations sont rares et les eaux sont chaudes, si bien que les conditions naturelles sont fort difficiles pour Salmo Salar. «En aval du barrage, le débit a diminué de 24 % entre le 30 juillet et le 3 août. On a alors arrêté la pose de poutrelles utilisées pour la remise en eau de la partie en amont», a confirmé Benoit Thomas, biologiste au MRNF.

«Ce qu’ils ont fait, ce n’est pas acceptable. Nous étions supposés être consultés avant cette opération. Il a fallu se fâcher, mais le MRNF a bien agi dans le dossier en stoppant les activités», a déploré le président de Saumon Rivière Malbaie.

Sans excuser le geste du Centre d’expertise hydrique, le MRNF parle d’erreurs dans les communications. Autre éclairage, M. Thomas admet qu’on «était un peu à la course pour la reprise des activités dans le parc». De fait, le niveau d’eau ne permet pas au bateau-mouche, activité vedette du parc, de reprendre ses croisières, faisant du coup perdre de précieux profits à la Sépaq. Précisons toutefois que la Sépaq n’est pas la gestionnaire du barrage.

De son côté, le Centre d’expertise hydrique affirme qu’il n’était pas assujetti à la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune étant donné l’urgence des travaux. Son porte-parole, Anne-Sophie Cauchon, assure que l’organisme «est en contact constant avec la Sépaq et le MRNF pour trouver le meilleur scénario de remise à l’eau».

«À mon avis, la priorité, c’est le saumon. Je comprends la Sépaq de vouloir opérer au maximum pour sa clientèle, mais pas au détriment de la préservation du saumon», a indiqué le président de la Fédération québécoise du saumon de l’Atlantique, Robin D’Anjou.

Difficile enfin d’évaluer les répercussions sur le saumon pour le moment. Le MRNF confirme en revanche qu’il n’y aura pas de reprise de la remise en eau tant et aussi longtemps que les conditions naturelles ne seront pas meilleures. Une rencontre d’urgence a d’ailleurs eu lieu en début de semaine afin, cette fois-ci, qu’un protocole connu de tous soit envisagé.

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