Le "trésor" de Baie-des-Rochers s'éteint

17 mars 2010
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Celui que l’on surnommait « l’homme aux 400 chansons » n’est plus. Alphonse Morneau est décédé le 10 mars 2010,  dans sa maison de Baie-des-Rochers, entouré de ses proches. Il avait 95 ans.

La nouvelle a secoué le milieu de la chanson traditionnelle. Plusieurs chanteurs et ethnologues ont rappelé le respect qu’ils avaient pour l’homme, en donnant des commentaires et témoignages sur le site internet Facebook : « Un morceau de notre patrimoine nous a quittés. Longue vie à sa mémoire… » « C’était une richesse inestimable. » « Un livre d’histoire du Québec s’éteint, mais il nous a légué sa mémoire, humblement et en pleine conscience de sa valeur. Il a fait une belle vie et ça a fait la mienne encore plus belle depuis que tu (nldr : Guillaume Savard, petit-fils d’Alphonse Morneau) me l’a fait rencontrer. Tu portes son héritage comme un bouquet. On continue et on perpétue », a mentionné pour sa part Bernard Simard, chanteur et musicien trad depuis près de 30 ans (Bottine souriante, Manigance, Vent du nord, Trio à quatre…). 
Pour la directrice du Musée de Charlevoix, c’est une « grande perte pour le patrimoine charlevoisien. Il nous aura éblouis jusqu’à la fin et son héritage demeurera longtemps vivant. »  Catherine Gagnon, agente de développement culturel à la MRC de Charlevoix-Est, a dit ceci : « Il laisse un bel héritage derrière lui et Guillaume assurera sûrement sa pérennité. »
M. Morneau était admiré pour sa vaste mémoire et son répertoire exceptionnel. C’était une inspiration pour certains, un mentor pour d’autres et même une idole, notamment pour Michel Faubert.  « Alphonse est un des grands chanteurs québécois toutes catégories confondues, que j’ai entendus dans ma vie », avait-il révélé à TVC-VM en 2007.
Le « trésor de Baie-des-Rochers »  a heureusement eu le temps d’obtenir la reconnaissance de son milieu, une chose qui lui tenait très à cœur. Il disait souvent qu’il était « plus connu par les étrangers que par les gens d’ici ».  Une lacune à laquelle la région a finalement remédié. Sa nomination comme Porteur de tradition aux Prix du patrimoine de Charlevoix en avril 2009 a précédé une exposition qui a été présentée l’été suivant au Musée de Charlevoix et au carrefour culturel Paul-Médéric.  Puis, ce fut au tour du Québec de reconnaître l’apport de M. Morneau à la préservation de la tradition orale. On l’aperçoit dans le documentaire « Tant qu’il reste une voix » de Jean-Nicolas Orhon et Pauline Marois, députée de Charlevoix et chef de l’opposition officielle, lui a remis la médaille de l’Assemblée nationale l’automne dernier.
Né en 1914, Alphonse Morneau chantait et connaissait plus de 400 chansons traditionnelles, la plupart apprises de sa mère. Il a représenté le Québec lors de manifestions internationales dont l’expo universelle de Vancouver en 1986.  Il a largement contribué à la constitution des Archives de folklore de l’Université Laval.  Encore aujourd’hui, son répertoire est chanté par plusieurs groupes trad, dont Les charbonniers de l’enfer et Les batinses.
Sa vaste mémoire et son héritage demeure donc en vie, surtout grâce à son petit-fils Guillaume Savard, qui assure la relève en continuant de chanter ces complaintes et autres bijoux remontant parfois au 13e siècle. 

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