Sauvée in extremis de la faillite
Julie a 38 ans. Mère monoparentale de deux enfants, elle travaille dans le communautaire, pour un salaire d’environ 15 $ de l’heure. Julie en a long à dire sur le crédit, elle qui a dû faire affaire avec un syndic de faillite afin de trouver un arrangement pour satisfaire ses créanciers et éviter ainsi la faillite personnelle.
« Je me suis rendue là et je sais pourquoi. Je prends ma grande part de responsabilités, parce que j’ai une déficience dans la gestion de mon argent. Je sais cependant que le crédit facile cible les personnes qui, comme moi, ont de la difficulté à gérer leurs finances. Oui, j’ai fait des choses farfelues avec mon argent, mais souvent, mes enfants et moi avons mangé à crédit», explique-t-elle.
Avec l’aide de son syndic de faillite, Julie est parvenue à faire une proposition aux créanciers que ceux-ci ont acceptée et qui l’engage à payer 250 $ par mois pendant quatre ans. Ces sommes sont réparties entre ses créanciers. «Ils n’auront pas la totalité de ce que je leur dois, mais j’ai déjà payé énormément d’intérêt et ils auront, pour la plupart, tout leur capital », explique-t-elle.
Si elle a pu éviter la faillite, c’est parce que ses parents sont créanciers de la maison qu’elle a pu garder après sa séparation. «Quand je me mets à la place de quelqu’un qui perd tout, je me considère chanceuse. Ça doit être l’enfer sur l’estime de soi, sur les nerfs, la famille », ne peut-elle que commenter, ayant encore bien frais à sa mémoire les souvenirs des huissiers à sa porte. «Il vient un moment où tu es tellement endettée que tu abdiques et tu « load » tout. J’avais 900 $ par mois à rembourser en intérêts , n’incluant pas mon hypothèque. Je gagnais moins de 2000 $ par mois. Les huissiers sont venus cogner à la porte et m’ont donné 30 jours pour payer un montant totalement absurde, puis ils m’ont harcelée au téléphone. Moi, j’ai un caractère de cochon, une carapace, mais j’étais humiliée et j’imagine ce que ça peut faire à des gens déprimés, moins endurcis. L’exemple des parents qui ont tué leurs trois enfants et qui se sont suicidés, la famille de Cathy Gauthier, c’est ça. Trop de dettes, plus d’espoir, le fond du baril. Tout ça à cause des banques, du crédit facile, des salaires qui n’augmentent pas et de la société de consommation. Ce sont des dommages collatéraux du capitalisme sauvage », s’indigne Julie.
Selon elle, les banques n’ont aucun scrupule à octroyer du crédit à des gens qui n’ont pas la capacité de rembourser. « Ils t’enfoncent dans ton trou! S’ils peuvent aller chercher ta maison, ils vont y aller. J’avais 28 ans quand la banque m’a accordé mon premier prêt. Ça a pris 45 minutes et je suis sortie de là avec 11 000 $. C’est là que tout a commencé. Après ça, tu dis oui à la carte de crédit qui te donne 100 $ d’épicerie gratuite, tu achètes un truc à tant de versements. Et les cartes de crédit augmentent ta marge sans te demander ton avis (ndlr: Le consentement des clients est nécessaire pour augmenter une limite de crédit reliée à un compte de carte de crédit depuis le premier janvier). La spirale de l’endettement, c’est l’enfer! C’est comme le jeu, la tentation perpétuelle.»
Pour Julie, la leçon a porté fruits. « Ce qui est positif, c’est que je recommence à zéro. Mon syndic de faillite m’encadre, il me donne des outils pour ne pas retomber dans le panneau. Je n’ai plus accès au crédit et c’est tant mieux. J’ai entrepris d’économiser. C’est un mal pour un bien», de conclure notre témoin qui a tout de même tenu à se confier sous le couvert de l’anonymat.
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