Crédit et endettement-Des lendemains qui déchantent: résister au crédit

Par Emelie Bernier 7 janvier 2010 Initiative de journalisme local
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Myriam et Stéphane ont deux enfants, une maison neuve bâtie il y a quelques années, un chien, un petit jardin… et beaucoup, beaucoup de dettes! Pour le jeune couple, les fins de mois arrivent vite et il n’est pas rare que les dépenses dépassent les revenus. « Nous n’avons pas un énorme train de vie, mais ça monte vite avec les termes des deux voitures, le paiement de l’hypothèque, l’épicerie qui coûte de plus en plus cher, les assurances, les habits de neige, les bottes… La liste est tellement longue que c’est étourdissant », relate Myriam qui travaille à temps plein, tout comme son copain.

 

Avec des salaires décents, mais sans plus, les deux parents peinent à boucler un budget équilibré, et ce, malgré certains sacrifices. « Il y a un an à peu près, on a décidé de couper dans les cours des enfants et les sorties. C’est un peu plate, mais on fait des trucs qui coûtent moins cher, du plein air, mais pas nécessairement du ski alpin, disons… », explique Stéphane.

 

La décision de « couper dans le gras » a été fortement stimulée par les craintes que ce dernier a eu de perdre son emploi. Le niveau de stress est alors monté d’un cran, occasionnant des discussions houleuses et quelques crises d’insomnie. « On a été confrontés au fait qu’on n’a pas de coussin! Si un des deux perd son emploi, il va falloir ramer et se trouver autre chose vite fait si on veut pouvoir garder la maison. Pas question de se mettre à manger du « kraft dinner » et du beurre de pinottes! Si on est plus capables de se nourrir décemment, on envisagera l’option de vendre la maison et de retourner en appart », concède avec résignation Stéphane qui a tourné mil et une fois la question dans sa tête. Comme ils habitent un village, qu’ils travaillent pour des entreprises situées dans les noyaux urbains et qu’ils ont des horaires très différents, Myriam et Stéphane ne peuvent pas envisager de se séparer d’un de leurs deux véhicules.

«Vivre en région, ça a du bon, mais ça me choque d’entendre certaines personnes dire que ça coûte moins cher. C’est un mythe! Les salaires sont souvent plus bas et le litre de lait coûte le même prix qu’ailleurs. Et sans voiture, tu es mal pris », s’emporte Myriam.

 

Et le crédit?

« Oui, on a une carte de crédit, mais on s’en sert le moins possible. Elle est dans le porte-monnaie, mais c’est vraiment si on est mal pris. Ça arrive, de temps en temps. Le pire, c’est quand on doit mettre la commande sur la carte. Je déteste faire ça », de dire Myriam. Le couple dispose aussi d’une marge de crédit de quelques milliers de dollars. « C’est arrivé une fois que l’hypothèque ne passe pas et ça nous a coûté des sous. La marge, c’est notre coussin…», de confesser Stéphane.

 

Stéphane et Myriam ont fait une croix sur le divan neuf qu’ils convoitent. Ils espèrent aussi que le frigo et la laveuse d’occasion offerts par la mère de Myriam tiennent le coup encore quelques années. « Ce qui se passe, c’est qu’on est conscients qu’on va conserver le même salaire pour les prochaines années et que le coût de la vie, lui, va augmenter. C’est pas rassurant », de conclure Stéphane.

 

(Nos témoins ont préféré préserver l’anonymat, histoire de ne pas inquiéter leurs familles…)

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