Défendre la laïcité au péril de sa vie

Par Emelie Bernier 2 Décembre 2009
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Djemila Benhabib critique vertement la montée de l’islamisme politique dans le monde et au Québec. Pour cette femme, à la fois algérienne et québécoise, l’adhésion des immigrants aux valeurs sociales fondamentales que sont l’égalité des sexes et la laïcité institutionnelle au Québec n’est pas une option, mais une obligation.

 

 

C’est en substance le message livré par l’auteure du livre Ma vie à contre-Coran devant  les 55 personnes venues assister à sa conférence, dimanche dernier, au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. La femme a vu son pays, l’Algérie, entreprendre une régression sociale consternante quand le Front islamiste du salut a accédé au pouvoir. «Ma vie y a vite été menacée. Très tôt, j’ai refusé le principe selon lequel les musulmans sont supérieurs aux non-musulmans et les hommes supérieurs aux femmes. Il n’était pas question que je dissimule mon corps sous ces cercueils ambulants», de résumer Mme Benhabib. C’est en août 1994 qu’elle quitte officiellement l’Algérie, non sans avoir reçu des menaces de mort et même une condamnation à la peine capitale, alors qu’elle n’était âgée que de 20 ans.

 

Si elle considère que la Commission Bouchard-Taylor a permis d’ouvrir et d’alimenter un débat sain, elle en conteste les résultats et doute de la neutralité des deux commissaires. « J’ai été déçue par l’attitude méprisante, arrogante, envers les gens qui exprimaient leurs inquiétudes. Il y a eu des glissements. Ils accueillaient beaucoup plus favorablement les femmes voilées que les simples citoyens venus faire part de leurs craintes», soutient-elle.

 

La dame prône l’absence de symboles religieux dans les institutions, pierre angulaire de son combat avec le Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (cciel.ca). « Ce n’est pas une question de religion, c’est une question de valeurs. On ne saurait mettre de côté les choix collectifs de tout un peuple. Il est très important de redéfinir les valeurs principales de l’État, en mettant en place, minimalement, une charte de la laïcité », prône Djemila Benhabib qui espère notamment que sera banni le port de signes religieux dans les écoles. Selon elle, même le cours d’éthique et de culture religieuse constitue  une dérive. « Ce cours fait l’apologie du religieux. Ce dont les jeunes ont besoin, c’est de développer leur esprit critique », s’enflamme l’écrivaine et polémiste. Selon elle, la question concerne tous les Québécois, même dans les régions comme ici où le problème n’est pas imminent. « Ce n’est pas un débat montréalo-montréalais. Ce sont des phénomènes collectifs. Où que l’on soit, il est tout aussi important d’adhérer aux valeurs communes.»

 

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