Prématurité: donner la vie en catastrophe

Par Emelie Bernier 22 mai 2009
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Isabelle Tremblay est enceinte de 29 semaines quand, quelques jours après un rendez-vous sans accroc avec son médecin, elle commence à ressentir des maux de tête et des malaises. « Ça faisait presqu’une semaine que je ne filais pas, mais j’ai attendu parce que je pensais que c’était une migraine», explique la jeune maman.  À l’hôpital où elle décide finalement de se rendre, le verdict tombe: pré-éclampsie et syndrôme de Hellpp. Les vies de l’enfant et de la mère sont menacées et Isabelle doit impérativement être transférée à Québec, où le branle-bas se poursuit de plus belle.
Par Émélie Bernier
Quelques heures plus tard, alors que le coeur foetal est presqu’inaudible, une césarienne est pratiquée sur Isabelle. « La jounée même, ils m’ont accouché au Centre mère-enfant. Une infirmière m’a tenu la main et m’a invité à prier. Quand j’ai entendu les pleurs de mon bébé, je me suis dit que je venais d’assister à un miracle », poursuit-elle.

Le lendemain de sa naissance, Jérémi pesait une  livre et 9 onces.

Son bébé, minuscule, lui est aussitôt retiré. Son minuscule poupon a 4 jours lorsqu’elle peut enfin faire le peau à peau avec son bébé, intubé de partout et pas plus gros qu’un chaton.
«Dès la naissance du petit, j’ai commencé à écrire un journal, tout ce que j’aurais voulu lui dire et faire avec mon bébé qui était loin de moi.»
Quelques jours plus tard, elle est relogée dans le Manoir Ronald McDonald, tandis que son bébé reste dans dans son incubateur à l’hôpital. Certaines pensionnaires sont aussi des mamans de bébés très prématurés.
« C’est là que j’ai réalisé que ça arrive plus qu’on le pense. Mon fils est resté 2 mois  et demi à l’hôpital, mais moi, seulement deux semaines au Manoir Ronald McDonald. J’avais un fils aîné qui m’attendait à la maison, totalement déstabilisé, et je suis revenue pour lui. J’appelais à l’hôpital 4 fois par jour à l’hôpital. »

Isabelle avec Maxime et Jérémi.

Quand Jérémi revient enfin à la maison, toute l’attention d’Isabelle se concentre sur ce petit être fragile dont elle s’est tant ennuyé. « Pour mon aîné, ça été très difficile. Maxime avait deux ans et demi et ce n’est que depuis quelques mois qu’on sent qu’il commence à aller mieux. Il a souffert d’une carence affective maternelle, parce que j’étais absente, et quand je suis revenue, je n’ai pas été capable de lui donner l’attention dont il avait besoin. Ça été un travail de famille, c’est pas facile de ne pas surprotéger un enfant prématuré. Jérémi a une histoire spéciale. » 
Aujourd’hui, Jérémi est un petit garçon vif et joufflu, dont la santé est toutefois un peu plus fragile que celles des autres petits garçons. Et Isabelle a eu envie de partager cette histoire très marquante qui s’est finalement bien terminée.
«J’ai eu envie de partager mon expérience parce que je pense que si j’avais eu un petit guide, si j’avais pu lire un fait vécu comme ce que j’ai écrit et qui  maintenant  distribué aux parents qui sont à risque ou qui s’inquiètent par rapport à la prématurité, j’aurais moins été choquée, bouleversée. »
L’écriture de Le bonheur de la maternité versus Le cauchemar de donner la vie aura aussi eu un effet cathartique sur la jeune femme qui ne cache pas son choc postraumatique. «Ça été un long processus à accepter, mais aujourd’hui, je l’ai accepté. Au départ, on m’a proposé d’écrire, pour moi , pour me faire du bien, pour m’aider. Ça m’a pris deux mois à réaliser mon petit ouvrage. Et aujourd’hui, c’est un outil dont le CLSC se sert. Je suis contente si ça peut aider des parents à passer à travers cette épreuve, car je suis très sensible quand des femmes vivent la même chose que moi », explique Isabelle Tremblay. Déjà plusieurs de ses petits « guides » ont trouvé preneur. Elle aimerait maintenant essayer d’écrire un livre pour aider davantage de gens.
« C’est une histoire plate, mais c’est une belle histoire. Et aujourd’hui, je peux dire que je crois aux miracles! Jérémi est un peu plus petit que les autres enfants de son âge, mais il est gripette, entêté et plein de vie! Un vrai petit gars tout ce qu’il y a de plus normal! »

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