Centraide coupe les vivres au Conseil social et communautaire

Par Emelie Bernier 30 avril 2009
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Les deux employés du Conseil social et communautaire de Charlevoix ont reçu leur dernier chèque de paie le 17 avril. L’organisme, le mieux subventionné des 17 parrainés par Centraide dans Charlevoix, ne recevra plus un sou de son principal bailleur de fonds.
Jean-Arthur Harvey,  directeur de l’organisme, est passablement secoué par la décision de Centraide.  «J’aime Centraide, je l’ai dans la peau! J’étais plus identifié à Centraide qu’à mon organisme, confie M. Harvey. On a fait connaître Centraide de porte en porte. Et on me donne un coup de couteau dans le dos. » L’amertume n’empêchera pas l’homme de se battre. « Nous avons l’intention d’utiliser les recours qui existent à l’intérieur de la structure de Centraide pour demander un révision de cette décision », précise-t-il.
Depuis trois ans, Centraide avait demandé à l’équipe de réviser sa mission et de la préciser. Pour Pierre Méthivier, directeur général de Centraide Québec-Chaudière-Appalaches, la rupture de contrat n’est pas une sanction contre l’organisme, mais plutôt une conséquence d’une réorientation floue.
«Ce n’est pas un désaveu! Nous avons soutenu le CSCC depuis 1971, mais la situation a changé.  Au départ, le CSCC était une organisation qui avait pour mandat de stimuler, de faire naître les initiatives communautaires.  En 1971, c’était novateur, on était fier de les supporter, mais l’organisme a perdu de sa pertinence. »
Il plaide que Charlevoix a maintenant un bon réseau. « Depuis six ans, nous subventionnons 7 nouveaux organismes pour un total de 17. Ces organismes développent, créent de nouveaux services. Dans ce contexte, la mission du CSCC est complétée. »
Jean-Arthur Harvey avoue que les rapports du CSCC des dernières années comportent des lacunes. « On travaillait sur nos propres dossiers comme la sécurité alimentaire, le logement social, tout en continuant l’aide technique au groupe. Je siège à six tables de concertation! Notre principal projet était un centre pour les hommes. Il y a de grands besoins à ce niveau dans Charlevoix comme ailleurs. »
« La condition masculine est une problématique importante et intéressante, mais selon nous,  ce n’est qu’une esquisse de projet pour l’instant. Un changement aussi drastique de cap doit passer par un tout autre processus, celui des nouvelles demandes. Et on ne nous a rien déposé de clair de ce côté là », commente M. Méthivier.
Le processus pour soumettre  une nouvelle demande peut prendre quelques années.
« On leur a donné trois ans pour se réorienter de façon précise. On leur a dit: « Dites-nous où vous voulez aller », et ce n’est pas clair, après trois ans de travail. C’est à contrecoeur que nous retirons notre soutien », de conclure Pierre Méthivier.
Au CSCC, on ne baisse pas les bras. « On ne met pas la clé dans la porte! Les cessations d’emploi sont prêtes. Il a fallu faire ça en deux jours, les délais sont pourris! On a un contrat d’affaires avec le centre communautaire jusqu’au 31 mars 2010. À court terme, les employés sont mis à pied, la corporation continue sur une base bénévole. On n’a pas dit notre dernier mot », confie Jean-Arthur Harvey.

 

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