Yugin Wu coupable d’avoir accédé à de la pornographie juvénile, mais bientôt libéré

Par Gilles Fiset 5:47 PM - 20 mai 2018
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Yugin Wu, cet australien de 23 ans qui avait été arrêté pour faire face à des accusations en lien avec une fraude et tricherie présumée au Casino de Charlevoix, a été reconnu coupable d’un chef d’accusation pour avoir accéder à de la pornographie juvénile, le 9 mai dernier au Palais de justice de La Malbaie. Il a été condamné à douze mois de détention.
Au terme du procès, le procureur de la couronne, Me Pierre-Olivier Bilodeau était satisfait du jugement, prononcé par le juge Pierre L. Rousseau de la cour du Québec. En effet, sa tâche était particulièrement ardue dans ce dossier, car l’accusé n’a pas été pris en fragrant délit.
Les 31 fichiers ont été trouvés par hasard par un technicien de la Sûreté du Québec dans la mémoire cache d’un cellulaire de l’accusé quelques mois son arrestation de juin. Le policier était alors à la recherche de logiciels ayant pu servir à la tricherie présumée au Casino de Charlevoix. Bien que les photos n’aient pas été montrées au grand public, le procureur a précisé qu’elles présentaient indéniablement des enfants moins de 14 ans de manière sexuelle.
De la sorte, les accusations reposaient exclusivement sur de la preuve circonstancielle. Dans ce cas, le tribunal devait être convaincu que la seule explication raisonnable pour la présence des fichiers dans la mémoire cache du cellulaire était que l’accusé lui ait lui-même accédé. Pour augmenter le niveau de difficulté de l’affaire, Yugin Wu avait séjourné en Australie et aux États-Unis dans les jours précédant son arrivée à La Malbaie. Considérant que seuls les crimes commis au Canada sont sanctionnés par le tribunal, Me. Bilodeau devait également démontrer hors de tous doutes raisonnables que le visionnement avait eut lieu sur notre territoire.
Les témoignages des trois policiers de la SQ n’ont laissé aucun doute dans l’esprit du juge Rousseau. Tour à tour, ils ont relaté les évènements de juin 2017, qui ont mené à la perquisition de la chambre d’hôtel de l’accusé au Fairmont Le Manoir Richelieu, où ils ont retrouvé ledit cellulaire et du matériel pouvant être associé à une activité sexuelle récente. De plus, le technicien qui a effectué la découverte est témoigné à propos de la manière dont celle-ci s’est produite, quelques mois plus tard.
Pour sa défense, l’accusé n’a pas témoigné. Son procureur a plutôt tenté de suscité un doute raisonnable dans l’esprit du juge Rousseau quant aux accusations portées. Il s’appuyait notamment sur la possibilité que le temps et l’heure du cellulaire n’étaient pas exacts, considérant les voyages de l’accusation et le décalage horaire. De plus, il a aussi invoqué qu’il était possible que le système ait été réinitialisé, après le retrait de la carte SIM. Le magistrat a rejeté du revers de la main cette possibilité, car l’appareil était muni d’un système de mise à jour automatique de ce type d’information.
Lors des représentations sur sentence, le procureur de la couronne demandait une peine de 18 mois de prison. Quant à lui, l’avocat de l’accusé a suggéré l’imposition de la peine minimum de 12 mois de pénitencier. Au final, le magistrat s’est rangé à cette opinion, considérant l’absence d’antécédents judiciaires, le juge âge de l’accusé et le faible nombre de fichiers retrouvés. Au moment du prononcé de la sentence, Yugin Wu a fondu en larmes. Néanmoins, il semblait plutôt contrarié lorsque le juge Rousseau lui a annoncé que son ADN serait prélevé, et qu’il serait inscrit au Registre des délinquants sexuels.
Tout au long des procédures, l’accusé n’a pas fait entendre sa voix. Ainsi, il est impossible de savoir sa version des faits, s’il a effectué une prise de conscience par apport au crime ou s’il a entrepris une démarche préventive.
Considérant la détention préventive de presque sept mois, qui compte en temps et demie, Yugin Wu demeura derrière les barreaux pour un peu moins de deux mois supplémentaires. Par contre, il n’est pas au bout de ces peines car il subira son procès en lien avec des accusations de fraude et de tricherie au Casino de Charlevoix du 31 octobre au 2 novembre prochain toujours à La Malbaie.
Comme dans bien des dossiers de pornographie juvénile, il a été impossible d’identifier les victimes. Ainsi, personne n’a pu leur venir en aide.

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