La vie selon Final State

Par Emelie Bernier 9:00 AM - 8 Décembre 2016
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Ils sont quatre, se connaissent depuis des lunes et rêvent aujourd’hui de conquérir le monde avec leur musique. S’ils y parviennent, il y aura un peu de Saint-Irénée dans leur laissez-passer, ce nouvel album qu’ils créent de toutes pièces, en résidence de création dans un petit chalet jaune du rang Sainte-Madeleine déguisé en studio d’enregistrement. Rencontre avec le chanteur Rick Pagano, le guitariste Mathieu Lortie, le bassiste Vincent Blackburn  et le batteur Olivier Bibeau entre deux prises.
« Depuis mai, on est en retraite fermée ici. On y sera jusqu’à la fin de l’année. Après notre album C’est la vie, on a signé avec une nouvelle maison de disques et le prochain album va plus nous ressembler car on le fait nous-mêmes de A à Z », explique le quatuor. (NDLR : Attention, difficile ici d’attribuer à l’un ou l’autre telle ou telle citation, chacun complétant la réponse de l’autre comme un hydre à quatre têtes…)
Cette façon de faire est une première pour le collectif. « En fait, on avait fait un single par nous-mêmes, Part of the rain, et on avait aimé ça. On a réalisé, à force de travailler avec un réalisateur extérieur, qu’on perdait beaucoup de temps à se battre pour défendre nos idées. Au final, on aime mieux prendre nous-mêmes nos décisions et notre musique nous ressemble plus comme ça », lance Rick (à moins que ce ne soit Vincent?).
Au moment de jeter les bases du nouvel album, l’exil créatif dans Charlevoix s’est imposé. « Même dans les débuts, on venait ici pour composer. On a toujours eu envie de venir ici et ma mère et son chum sont vraiment gentils, ils ne viennent pas pour qu’on puisse en profiter à fond. Le vibe est bon, le réseau est plus ou moins accessible, alors on est très concentrés. Dans n’importe quel projet créatif, c’est important de se couper, de se concentrer. En fait, sans wifi, ça a été six fois plus rapide de créer nos chansons », rigole Vincent, qui est chez lui dans cette ancienne école de rang toute mignonne.
Le chalet a été littéralement transformé en studio d’enregistrement. « On a tout filé, on s’est fait des panneaux de réverbération, un booth pour enregistrer la voix. Au bout du compte, on n’a pas la pression du studio qu’on paie à l’heure, mais on est settés pour avoir un bon son, parce qu’on y tient », expliquent Coq (Vincent), Lort (Mathieu) et Rick, qui saluent le talent de leur ami Olivier alias Bib, ingénieur du son,  le seul du lot à avoir complété des études universitaires. « Nous, on est allés à l’école du rock », déconnent les trois autres. Visiblement, on ne s’ennuie pas dans cette « retraite fermée ».
« Le fait de dormir tous sous le même toit, de dormir dans le même périmètre, de se lever ensemble, de partager les repas crée bien sûr une proximité et une qualité de communication uniques », s’entendent-ils pour dire. « Le matin, on se donne deux-trois  claques dans la face, on prend un café et on fait de la musique. On écrit des textes, on pratique, on enregistre. Et des soirs, on finit tard », expliquent-ils. Parfois, les journées de création s’étirent jusqu’à 2 h du matin… « Si le vibe est là, on continue! On “go with the flow“», rigolent les musiciens. Louis Dagobert, le minuscule chiot teckel de Vincent, empêche parfois la bande de roupiller, « mais on lui pardonne tout parce qu’il est très très mignon », lancent-ils.
En quoi le disque qui est en train de naître dans un fouillis de road case, de guitares, de morceaux de drum et de verres à café en carton sera-t-il différent de C’est la vie?
« Le fait de ne plus travailler avec un réalisateur, ça nous met au pied du mur et il faut savoir plein de choses. Mais ce qui est bien avec cette façon de faire, c’est qu’on met la barre très haute. Jamais personne ne peut comprendre aussi bien que toi-même ce que tu veux. Là, on a le plein contrôle », confie Rick.
Les influences musicales du groupe vont de Kings of Leon à Kanye West, en passant par… Céline Dion, du hip hop au rock. « C’est très varié. Au fond, on est juste fan de la bonne musique! », lance Mathieu. « Tout le monde apporte sa couleur et j’ose croire que notre musique est unique. C’est sincère. C’est ce qu’on vit! Et quand je nous écoute, ça ne me fait jamais penser à un truc précis qui existe », analyse Rick. Les paroles des chansons sont souvent de lui, mais tout le monde y met son grain de sel. « Ça parle de nos vies! On fait de la musique, on n’est pas une encyclopédie, on veut juste exprimer ce qu’on vit. Au final, ça rejoint les gens parce que les gens peuvent s’y identifier…», croient-ils.
Ils assument pleinement le côté bilingue de leurs chansons. « On les traduit toutes! Parfois, on met des bouts en français, d’autres en anglais, ça dépend de ce qui feel good… »
Que ce soit en anglais ou en français, le collectif voit loin, encore plus loin que le Kenya où ils ont séjourné pour le tournage du vidéoclip de leur chanson Dreaming Out Loud. « Sky is the limit! Il y a des étapes à franchir, mais ce qu’on veut, c’est le top, le monde! » admettent-ils.
Renient-ils leur dernier album, qui a failli leur ouvrir les portes de la France? « Non, pas du tout! Les portes sont ouvertes en Europe. On avait signé un contrat, mais il y a eu du sable dans l’engrenage… C’était un apprentissage. C’est la vie, ce sont d’excellentes chansons, mais on était à l’école du rock et aujourd’hui,  ce qu’on fait est très différent. Ça nous a donné de l’énergie pour lâcher prise, rebondir et faire ce qu’on aime. Il y a encore plus de passion! On s’investit, c’est Final State à 100% », clame Vincent.
Et les garçons ne se voient pas faire autre chose. « On n’a pas de plan B. C’est “all in, that’s it“! »
Et pourquoi rêver tout bas quand on peut rêver tout haut?
https://www.lecharlevoisien.com/archives/sortir-decembre-2016/

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