Traités commerciaux : 40 000$ de perte pour les agriculteurs d'ici

Par Jean-Sébastien Tremblay 4:38 PM - 3 octobre 2018
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Les traités de libre-échange signés dans les dernières années par le gouvernement libéral de Justin Trudeau feront perdre jusqu’à 40 000$ par année aux producteurs laitiers charlevoisiens.
« C’est une mauvaise journée pour nous », déclare Richard Bouchard, président des producteurs de lait de la Capitale-Nationale-CôteNord et propriétaire de la Ferme Pérou inc. de Baie-Saint-Paul. Rejoint le 1er octobre, au lendemain de la conclusion de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), nouvelle version de l’ALENA, l’homme ne cachait nullement sa grande déception.
Concrètement, cet accord ouvre 3,5% du marché du lait aux producteurs américains. « Bien que ce pourcentage ne paraît pas important, c’est presque 10% du marché total qui a été ouvert aux étrangers si l’on ajoute le traité avec l’Europe et le Partenariat transpacifique. Dix pour cent moins de parts de marché, c’est 10% moins de vaches dans ma ferme », explique l’agriculteur. Bien évidemment, cette diminution aura un impact négatif sur les profits de l’entreprise. En effet, les fermes de chez nous n’auront ainsi plus de marge de manœuvre.
 « Nous ne connaissons pas les détails de l’accord. Les premiers échos parlaient d’un assouplissement des règles tarifaires, ce qui pourrait réduire encore plus nos profits », poursuit le producteur laitier. L’AEUMC pourrait aussi avoir des impacts négatifs chez les consommateurs. « Au Canada, nous produisons le meilleur lait au monde. Or, les producteurs américains n’ont pas les mêmes standards », avance Richard Bouchard.
« Le gouvernement du Canada a sacrifié les producteurs laitiers et les régions. C’est une trahison », dénonce Sylvain Tremblay, préfet de la MRC de Charlevoix-Est et maire de Saint-Siméon. Il rappelle que ces fermes, souvent évaluées à quelques millions de dollars, sont des moteurs économiques importants dans Charlevoix. Quant à lui, le propriétaire de la Ferme Pérou déplore que les Américains dictent les règles du jeu.
Le politicien et l’agriculteur s’entendent pour décrier le système de compensation qui sera mis en place par le gouvernement Trudeau. « Nous l’avons déjà vécu dans d’autres dossiers. Les compensations, c’est difficile à obtenir et leur octroi est souvent arbitraire. Ils sont souvent attachés à des programmes spécifiques », énonce M. Bouchard. « Les agriculteurs de chez nous travaillent fort. Ils sont des gens fiers. Les forcer à vivre aux crochets de l’État comme le fait le gouvernement Trudeau, c’est leur enlever une partie de leur fierté », soutient le préfet.
Étant la sixième génération d’agriculteurs, Richard Bouchard se demande ce qu’il adviendra du futur de sa ferme, qui compte environ 60 vaches en production. « C’est décourageant. Par contre, nous ne lâcherons pas la pression, tant sur le gouvernement provincial que sur le gouvernement fédéral », conclut-il.

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