Un pont à 450 millions, mais plus haut sur le Saguenay

Par Jean-Sébastien Tremblay 4:29 AM - 24 mars 2018
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Par Paul O’Neill
Depuis plus de 40 ans, pas moins de 12 études ont été menées sur la construction d’un pont sur le Saguenay, 4 par des experts indépendants et 8 par le ministère des Transports ou la Société des Traversiers. Dans ces études, 6 parcours ont été proposés, mais seulement deux ont été retenus : un pont situé près des traversiers actuels, un tracé décrié parce qu’il nécessite la construction de tunnels et des approches passant au cœur du village de Tadoussac et un pont situé en amont des lignes électriques d’Hydro-Québec, au lieu-dit La Boule. C’est sur cette dernière proposition que se reposent les élus régionaux, la Société du pont sur le Saguenay et la Coalition Union 138 dans le cadre de leur nouvelle campagne.
Le projet favorisé par la coalition, est celui proposé par Pierre Brisset, ingénieur à la retraite et auteur d’une étude soumise en 1986 et Buckland &Taylor/COWI, une firme experte en longs ponts suspendus qui a notamment supervisé la construction du pont d’Izmit en Turquie, le 3e pont suspendu le plus long au monde. Il s’agit un pont suspendu de 1 150 mètres de portée centrale à 2 voies et d’une largeur de 15 mètres. Ce pont passerait à La Boule, face à Sacré-Cœur. Dans le cas de ce projet on parle d’un coût total de 450M$, dont 175 pour les routes et les approches. Selon cette étude, les principaux avantages d’un pont passant par le Cap de la Boule sont : un impact visuel limité en raison de sa situation en amont des lignes électriques d’Hydro-Québec, un accès en rive nord à la principale communauté de l’estuaire, Sacré-Cœur, une communauté dynamique de près de 2 000 habitants et un lien facilité entre les trois villages de l’estuaire, Baie Sainte-Catherine, Tadoussac et Sacré-Cœur.
La dernière étude commandée par le ministère des Transports date de 2009 et à la demande du ministère, elle portait sur un pont érigé à proximité des traversiers. Il s’agit d’un pont d’une portée totale de 2010 mètres avec un tablier à 4 voies d’une largeur de 25 mètres. Parce que le tunnel prévu en 1999 a été supprimé à la demande du ministère, le tablier de ce pont aurait une hauteur au-dessus de l’eau de 140 mètres au pylône de la rive sud et de 112 mètres à celui de la rive nord, ce qui lui donne une pente de 2,1 %. Selon les auteurs de l’étude de 2009, le consortium SNC-Lavallin/Génivar, les modifications demandées par le ministère des Transports au projet de pont près des traversiers en ont fait un projet pharaonique, faisant passer les prévisions de coûts de 345M$ à 860M$, ce qui conforte les promoteurs d’une traversée à La Boule. On a longtemps jugé impossible la construction d’un pont enjambant le Saguenay en raison de l’escarpement des rives, de la profondeur du fjord et de la force du courant. Au fil des ans, cependant, d’autres ponts comportant des défis similaires ont été construits, notamment en Norvège (le pont enjambant le fjord Hardanger) et en Suède, ce qui a relancé le débat sur l’opportunité d’ériger un pont reliant Charlevoix et la Côte-Nord.

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