Musée d'art contemporain: la passion plus forte que le portefeuille pour le collectionneur Alain Tremblay

Par Emelie Bernier 12:15 PM - 28 novembre 2017
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Alain Tremblay dans son « salon du 19e siècle », version contemporaine où un meuble signé Yannick Pouliot côtoie des œuvres de Sylvain Bouthillette, d’Annie Baillargeon, de Marc Séguin, de BGL et même d’Arthur Villeneuve.

Alain Tremblay n’est pas un collectionneur comme les autres. Le complet-cravate, très peu pour cet enseignant d’éthique et de culture religieuse au secondaire, passionné d’art contemporain. Avec l’aide du commissaire Serge Murphy, le cool « prof » au flair indéniable dévoile une partie de son impressionnante collection où les habitués du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul reconnaîtront maintes signatures.
« J’ai acheté mon premier tableau il y a 22 ans et ça a été le début d’une aventure extraordinaire. Je ne connaissais rien! Ma 4e œuvre est une œuvre de Marcelle Ferron… Aujourd’hui, 75 à 80% des œuvres que j’ai sont signés par des artistes qui sont passé par Baie-Saint-Paul. J’aime le symposium, ça permet de découvrir de nouveaux artistes. C’est très dynamique comme expérience! », explique celui qui s’est souvent endetté pour suivre ses coups de cœur. «J’ai une passion qui dépasse mon porte-feuille. Mais je me dis que ce n’est pas pire m’endetter pour de l’art que pour un char. J’ai toujours eu le sentiment que je ne mettais pas mon argent dans le feu », rigole Alain Tremblay. Sa collection, unique et éclectique, lui donne raison.
Au fil des années, il a développé plusieurs amitiés avec ses coups de cœur artistiques. «J’ai fait du troc avec Sylvain Bouthillette, Martin Bureau… Je me suis arrangé souvent comme ça, ça les aidait et ça me permettait d’acheter un œuvre, une belle réciprocité » salue-t-il.
92 œuvres de 80 artistes sont disséminés dans les deux sections de la petite salle multifonctionnelle, une exposition pour le moins dense qui présente à peu près la moitié des œuvres que le prof possède. «On a monté ça comme un salon du 19e siècle en France. Faut aussi que ça donne le sentiment de ce que c’est être un collectionneur : même si tu n’as plus de place, tu t’organises pour en trouver, c’est ça le délire », illustre le collectionneur qui rêve d’ouvrir un musée privé dans sa région natale, le Saguenay.
Alain Tremblay prendra sa retraite de l’enseignement le 22 décembre prochain. S’il continue d’acquérir des œuvres, il le fait avec moins de frénésie. « On a toujours envie, mais avec le temps je suis devenu plus raisonnable. C’est récent, ça a pris 20 ans… Maintenant, je vais acquérir une œuvre pour donner plus de tork à la collection. Et si j’ai l’argent », lance-t-il avec un sourire.
Sa collection, en plus d’Avoir une immense valeur, est un portrait de l’art contemporain actuel. «C’est vivant, c’est du travail de haute qualité et ce sont des choix esthétiques que j’ai fait au fil des ans, des œuvres qui m’interpellent. Je pense que ça crée une histoire », conclut le collectionneur Tremblay.

Patricia Aubé, commissaire de l’exposition La sculpture s’éclate, présentée en mezzanine.
La sculpture s’éclate
La mezzanine du musée accueille des œuvres sculpturales de la collection du Musée. « On a depuis quelques années développé le volet sculpture de notre collection et c’était l’occasion de montrer quelques pièces intéressantes, la diversité des pratiques sculpturales et le fait que les artistes proposent de plus des choses différentes, éclatées » explique la commissaire Patricia Aubé.
Elle explique qu’à partir des années 1960, les sculpteurs ont fait volé en éclat les paramètres. «On fait sauter le socle, certaines œuvres sont modulables, on utilise de nouveaux matériaux, des nouvelles techniques de fabrication, de nouveaux moyens d’expression… Dans les dernières années, le chant de la sculpture s’est encore élargie pour inclure des installations, des œuvres multimédias, par exemple », poursuit Mme Aubé, commissaire, qui a sélectionné les œuvres présentées. Jordi Bonet, Armand Vaillancourt, André Fournel, Mathieu Valade et Griffith Baker sont au nombre des artistes qui signent les œuvres que vous pourrez contempler en mezzanine et dans le hall d’entrée.
Les 3 nouvelles expositions, celles-ci et celle consacrée à Marcelle Ferron post 1973, sont présentées jusqu’au 10 juin prochain.

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