Le maire Kenny mitigé sur la question du pont sur le Saguenay

Par Jean-Sébastien Tremblay 11:55 AM - 22 mars 2018
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Donald Kenny, maire de la municipalité de Baie-Sainte-Catherine, est partagé par rapport au projet de pont sur la rivière Saguenay, contrairement à son homologue de Tadoussac qui s’y oppose ouvertement. En fait, il croit que beaucoup d’inconnues demeurent dans ce dossier, qui pourraient aider la localité à grandir, ou contribuer à sa dévitalisation. Au-delà de ce débat, l’homme en a vu d’autres, et il ne pense pas voir l’ouvrage se réaliser de son vivant.
« Il y a du pour et du contre dans le projet du pont », déclare d’entrée de jeu l’élu du village. Il est inquiet pour les emplois que pourraient perdre ses résidents. « Environ 20 personnes sur 221 travaillent pour la Société des Traversiers du Québec. Ils risquent de perdre leur emploi et devoir déménager à l’extérieur », explique-t-il. Inversement, il verrait d’un bon œil la vue de travailleurs de la construction dans la municipalité pour la durée des travaux, estimée à quatre ans. Pour cette période, l’économie locale serait grandement stimulée.
M. Kenny a également certaines craintes quant au maintien de l’industrie touristique dans sa municipalité. « Les entreprises touristiques vont-elles demeurer à Baie-Sainte-Catherine ou préférer s’en aller à Tadoussac où certaines ont déjà des activités ? », s’interroge-t-il ? Inversement, la construction d’un tel ouvrage d’ingénierie pourrait attirer des curieux. « Peu importe ce qui arrivera avec le pont, nous devons diversifier notre offre touristique. C’est pourquoi je travaille fort pour développer le secteur de Pointe-aux-Allouettes et le parc de la Côte-de-Charlevoix », poursuit-il.
De plus, le maire croit que la construction de la nouvelle voie pourrait régler certaines problématiques qui nuisent à la qualité de vie de ses concitoyens. « Selon les projets que j’ai vu, le village serait contourné. Ainsi, nous n’aurions plus à composer avec un fort achalandage de poids lourds. Aussi, la conduite de certains conducteurs, pressés pour aller prendre la prochaine traversée, met en péril la sécurité des marcheurs », affirme-t-il. Toujours sur le plan de la fluidité de la circulation, l’élu dénote que les bateaux ne sont pas toujours fiables. Dans plusieurs cas, ils subissent des bris mécaniques ou sont cloués à quai à cause des mauvaises conditions météorologiques. Néanmoins, le pont n’est pas exempt des risques pour les conducteurs. « Les vents sont très forts sur la rivière Saguenay. Imaginez ce qui arriverait à une semi-remorque vide qui la traverserait à 70 mètres de hauteur ? Plusieurs se renverseraient » énonce-t-il. Également, il craint que plusieurs personnes désespérées utilisent l’ouvrage comme tremplin pour mettre fin à leurs jours, si aucune mesure n’est adoptée pour prévenir cette situation.
Le politicien constate également que plusieurs investissements ont été fait par le gouvernement pour améliorer son système de traversiers. Notamment, il cite en exemple l’achat de deux bateaux neufs, au coût de 250 M$, et la modification aux quais. De plus, il ne croit pas que les estimations préliminaires soient réalistes. « Au niveau des approches du futur pont, ils vont devoir dynamiter le roc. Il est difficile de prévoir le coût de cette opération », avance l’élu.
« Vous savez, des projets de pont, j’en ai vu passé au fil des ans. C’est une belle promesse électorale, mais rien encore n’a été fait. Je ne vous dis pas que le projet est impossible, mais je ne sais pas si je vais le voir de mon vivant », conclu l’élu septuagénaire.

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