Le maintien des services, une lutte constante

Par Jean-Sébastien Tremblay 8:12 AM - 15 février 2018
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Baie-Sainte-Catherine, Véronique Poitras

Accrochée seule sur le roc du Bouclier canadien à la jonction du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Saguenay, la population de Baie-Sainte-Catherine se veut vieillissante. En effet, l’âge moyen de ses 212 âmes est de 56 ans, soit 15 de plus que la moyenne canadienne, selon le recensement 2016 de Statistiques Canada. Même si l’hôpital le plus près est situé à environ 70 kilomètres, les citoyens doivent se battre depuis des années pour conserver leur seul dispensaire de soins de santé, leur CLSC.
« Baie-Sainte-Catherine, c’est comme une virgule à la fin d’une phrase. On ne nous porte pas beaucoup d’attention », avance le maire Donald Kenny, l’un des principaux acteurs de cette lutte pour le maintien des services en santé dans la municipalité. La problématique a débuté il y a environ deux ans. À l’époque, une infirmière était présente le jeudi de chaque semaine au CLSC de l’endroit, situé dans les locaux municipaux. Un médecin y rencontrait aussi des patients deux jours par mois. Environ 3 500 $ par année étaient versés à la municipalité à titre de loyer, selon l’élu.
« Un jour, deux personnes du CIUSSS de la Capitale-Nationale sont entrées dans mon bureau. J’ai tout de suite compris qu’elles voulaient fermer les CLSC. Il était hors de question que j’accepte cela », relate-t-il. Afin de le conserver, il leur a offert, avec l’assentiment du conseil municipal, un congé de loyer, ce qui a été accepté. D’ailleurs, une demande d’accès à l’information réalisée par Le Charlevoisien révèle qu’aucun bail ne lie la municipalité au CIUSSS, celui-ci ne versant que 60 $ par mois pour le nettoyage de l’espace occupé. « 3 500 $, ce n’était pas cher pour maintenir les services », avance le maire.
La tuile suivante s’est abattue sur le village environ un an plus tard. Malade, le médecin qui les visitait deux fois par mois n’avait plus la capacité de pratiquer sa profession. Depuis, son état de santé s’est amélioré, et il a repris la médecine à temps réduit à Saint-Siméon. « Il n’a plus la santé pour se déplacer à Baie-Sainte-Catherine », soutient Donald Kenny, sur un ton compréhensif. Ironiquement, faute de solution alternative proposée par le CIUSSS, les résidents malades de la municipalité doivent maintenant, eux, franchir jusqu’à 150 kilomètres pour recevoir des soins à l’Hôpital de La Malbaie. Aussi, l’élu indique que l’infirmière ne passe plus qu’une fois par mois au CLSC, ou deux si les besoins sont plus grands.
Dans ce contexte, devant l’inaction des autorités concernées, Baie-Sainte-Catherine s’est alliée à Saint-Siméon pour lancer la campagne « Mon village, ma clinique, mon doc », je donne le 26 octobre dernier. Le but de cette opération est d’amasser des fonds pour lancer une grande séduction et attirer un nouveau médecin. « Le docteur qui s’établira dans nos villages aura presque tout fondu dans la bouche. Des patients et une clinique l’attendront », décrit M. Kenny. Jusqu’à présent, l’élu se dit satisfait de la réponse de ses concitoyens.
« À 212 personnes, nous avons ramassé presque 5 000 $ à date », annonce-t-il. En plus de favoriser la venue tant espérée d’un éventuel professionnel de la santé, il espère que ces résultats montrent au ministre Gaétan Barrette que les résidents sont prêts à mettre l’épaule à la roue.
« Il est essentiel de retrouver un docteur rapidement », souligne le maire. Selon lui, la situation actuelle insécurise beaucoup ses citoyens et crée d’importants risques. « Pour une personne de 80 ans, prendre la route dans Baie-Sainte-Catherine, ce n’est pas dangereux. Par contre, pour elles, parcourir 150 kilomètres pour aller à La Malbaie, ça peut l’être », déclare-t-il. Il croit aussi que la centralisation des services augmente l’engorgement des urgences.
Malgré tous ses efforts, il est réaliste quant aux perspectives d’avenir des soins de santé dans sa municipalité. « L’écoute des politiciens n’est pas forte », décrit celui qui espère que la mobilisation citoyenne réveillera les élus provinciaux. Une chose est certaine, il n’abandonnera pas de si tôt sa légitime lutte pour le maintien des soins de santé à Baie-Sainte-Catherine.
Selon le site web du CIUSSS de la Capitale-Nationale, sa mission est de « [contribuer] activement à améliorer la santé globale de la population de son territoire. Il offre aux usagers et à leurs proches des soins et des services de santé et des services sociaux de proximité, intégrés et accessibles.»

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