L’antidote

Par Emelie Bernier 12:50 PM - 1 novembre 2018
Temps de lecture :

Le ministre des Finances, Éric Girard et la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy. lors du point de presse.

Il y a quelques années, le duo bonbon Tricot Machine chantait « Pas fait en chocolat », un ode ludique à l’hiver québécois avec comme phrase-clé «Penses-tu qu’on va passer à travers le temps qui fait c’t’hiver… ». De jeunes oreilles de ma connaissance y entendaient systématiquement « Penses-tu qu’on va passer à travers le temps des festivals… »
Ça me faisait bien rigoler, ce petit mot d’enfant résumant parfaitement mon état second lors de certaines couvertures de festivals épiques où le nombre de spectacles vus était inversement proportionnel aux heures de sommeil accumulées. Et j’en voyais beaucoup, des shows. Oui, oui, Festif!, Tadoussac, c’est de vous que je parle…
Alors que l’hiver s’installe et que la saison des festivals semble derrière nous jusqu’au retour de « beaux jours » (aparté : mais qu’est-ce que c’est que cette expression? Avez-vous regardé dehors? J’y vois un concentré de beauté!), la petite ritournelle polysémique de Tricot Machine me revient, tambour battant!
Et oui, nous passerons à travers l’hiver, comme nous le faisons depuis la nuit des temps, les bottes aux pieds, la tuque enfoncée jusqu’aux oreilles, les joues rougies, la goutte au nez et les mitaines conséquemment croûtées. Et oui, l’écoeurite du pelletage va nous rattraper. On va en avoir marre de gratter nos «windshields », de rentrer du bois, de s’habiller comme des oignons…
Cela étant dit, il existe quelques antidotes à la longue langueur de l’hiver. Le premier, allez jouer dehors. Le second, parce que blanc hiver ne rime pas avec culturel désert, sortez, pardi!
Théâtre, cinéma, expo, rien de tel pour faire fondre votre cœur frigorifié! Et ceux qui radotent qu’il ne se passe rien ici, sortez-vous la tête des couvertes! En fin de semaine dernière, c’était l’embarras du choix entre la splendide Cérémonie des Lueurs au Domaine à Liguori (une merveille au cœur de la forêt!), le mémorable party d’Halloween futuriste par et pour nos amis de TVCO, le retour bruyant des craqués d’El Pornos au Tony et Charlo… Vous disiez?
Et l’avenir est tout aussi beau. Jeudi débute le délicieux festival Cuisine Cinéma et Confidences à Baie-Saint-Paul. Cet étonnant objet, qui a fait son apparition l’automne dernier dans notre paysage culturel, marie gastronomie, cinéma et conversations. Cette fois encore, on pourra y voir des documentaires nécessaires comme Modifié, Dépossession ou Le plancher de vaches (suivis par des discussions passionnantes avec les réalisateurs, les artisans…), mais aussi une pléthore de films rigolos (L’aile ou la cuisse), sensuels-gourmands (Como agua para chocolate avec la sublime Penelope Cruz, Chocolat, avec le sexy duo Binoche-Depp) ou réconfortants (La terre de nos aïeux, Les saveurs du palais). Personnellement, je ne manquerai pas Les festins imaginaires d’Anne Georget, sur les recettes fastueuses écrites comme un pied de nez à la mort par les prisonniers affamés des camps de concentration…
Oui, je vais sans doute pleurer, mais les émotions, voilà ce qui permet de passer à travers l’hiver sans s’enfoncer. Et magnifique adon, c’est exactement ce que la culture vous offre! Une bulle de chaleur dans la froideur, une larme chaude sur votre joue glacée, un peu plus de croûte sur vos mitaines…
En vrac? Borduas jusqu’à dimanche au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. Du théâtre d’été en hiver avec Je vous écoute (le 10 novembre) et le profond Tire le Coyote (le 17 novembre) au Domaine Forget. Des girouettes multicolores à la mezzanine du Musée de Charlevoix. Les magnifiques œuvres post-punk de Sébastien Pesot au Musée d’art contemporain. Les abominables petits-pieds, Les animaux fantastiques, La disparition des lucioles au Cinéma de La Malbaie dans les prochaines semaines… Et j’en passe. C’est pas parce qu’on gèle qu’il ne faut pas sortir!

Partager cet article