L'agence qui fait la différence

Par Emelie Bernier 8 mars 2009
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Bon an, mal an, les 130 employés de l’Agence pour vivre chez soi desservent près de 1500 personnes, dont 400 sur une base hebdomadaire pour un total d’environ 100 000 heures de services. Comme l’explique Pierre Tremblay, directeur général, «le CLSC achète 60 % des services, qui sont destinés à la clientèle lourde. On parle de services essentiels pour assurer la qualité de vie des personnes. »

La mission première de l’organisme, qui fête cette année ses 10 ans d’existence, est d’assurer le maintien d’un environnement adéquat, de combler les besoins qui ne peuvent plus l’être par la personne elle-même, en tout ou en partie, comme l’entretien ménager, la préparation des repas et l’hygiène. « Si on réussit à permettre à une personne de rester chez elle deux ou trois ans de plus avant un placement, c’est déjà extraordinaire. »

Si les personnes âgées représentent environ 70 % de la clientèle, le reste est constitué de personnes vivant avec des déficiences physiques, comme la paraplégie ou la maladie de Charlevoix, de gens souffrant de maladies comme le cancer ou vivant avec des déficiences intellectuelles.

« C’est une entreprise d’économie sociale, la clientèle paye ce que ses revenus lui permettent car nos services sont financés par la RAMQ (Régue de l’assurance-maladie du Québec). Quand les gens ont de plus grands besoins, comme 15 à 20 heures de support à domicile par semaine, ça passe par le CLSC et le Centre de santé et services sociaux (CSSS). Ce sont les intervenants du CSSS qui déterminent, selon la situation, les services à donner. »

Pierre Tremblay avoue que le maintien à domicile exige du doigté et que les employés de l’Agence ont parfois à négocier avec des aidés rébarbatifs à l’idée d’être soutenus par des étrangers, quand ils ne se retrouvent pas coincés entre les aidés et les aidants. «Ici, tout le monde est formé en relation d’aide. Ça prend un savoir-faire et des compétences pour entrer ainsi dans la vie des gens. La caractéristique première du maintien à domicile, c’est qu’il n’y pas deux cas pareils!»

Aider l’aidant et l’aidé

Les proches aidants, comme le CLSC, sont des partenaires de premier ordre pour l’équipe de l’Agence.

« Les rapports avec les proches aidants sont en général très bons. Plus la personne aidée est en perte d’autonomie cognitive, plus on est en relation avec le proche aidant. On ne gère pas les situations conflictuelles entre le proche aidant et l’aidé, mais nous sommes là pour appuyer les recommandations du CLSC. »

Les lettres de remerciements de la part des proches aidants sont monnaie courante dans les bureaux de l’Agence. « Hélas, beaucoup attendent d’être au bout du rouleau avant de faire appel à nous. Les aidantes, car ce sont majoritairement des femmes, ressentent beaucoup de culpabilité à confier leurs proches. Le syndrome de la super-woman est très présent! Nous sommes là pour leur donner du répit! Il ne faut pas hésiter à en demander.»

Besoins grandissants, budget stagnant

Pierre Tremblay dénonce le fait que les organismes québécois en maintien à domicile ont vu leurs budgets plafonner alors que les besoins vont grandissant. 

«Nous vivons dans une société où les aînés sont laissés pour compte! Si on augmente les tarifs comme on est obligé de le faire, c’est plus difficile pour les personnes à faibles revenus. En comparaison, le maintien à domicile fonctionne avec 40 millions par année depuis 4 ans, tandis que les garderies ont un budget de 150 millions! Ça fait réfléchir…»

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