La mi-temps du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul

Par Emelie Bernier 20 août 2009
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Depuis le 30 juillet, la douzaine d’artistes du Symposium trime dur entre les murs de l’aréna, sous le regard inquisiteur du public. À mi-course, rencontre avec quelques-uns de ces athlètes-artistes qui commencent à saisir l’essentiel du défi !

 

Martin Dufrasne, commissaire de la 27e édition du Symposium est à la fois ravi et inquiet. L’assiduité à la besogne de la cohorte d’artistes qu’il a conviée à Baie-Saint-Paul pour un mois de création l’éblouit. «En tant que commissaire, j’étais convaincu de la qualité de leur travail, mais il y avait une petite peur que le côté «colonie de vacances» l’emporte sur la rigueur. D’un autre côté, mon côté paternaliste me fait craindre qu’ils s’épuisent. Plusieurs travaillent jusqu’à une heure du matin!»

Du côté des artistes, on commence à ressentir une certaine urgence. Le mois s’effrite et le travail avance, mais pas toujours au rythme escompté. L’interaction constante avec un public plus ou moins conquis est pointée du doigt, même si on connaissait les règles du jeu au départ!

 

«J’arrive tôt le matin, quand il n’y a personne. C’est là que je réfléchis, que je prends des décisions, que je place les choses. Le reste de la journée, je fais l’artisanat parce que c’est difficile de se concentrer», rigole Valérie Blass, dont l’étonnante sculpture chevelue prend forme. «J’aimerais la finir, mais entre me dépêcher et la rater et la ramener dans mon atelier et la laisser mûrir, je n’hésiterai pas!»

Son voisin d’atelier, Franck Rezzak, s’est amusé à déjouer le rapport avec le public en créant une enceinte dans l’enceinte. «En créant un cubicule, je contrôle un maximum d’éléments et je fais sentir au public qu’il rentre dans mon intimité de création. Ça influence l’attitude!»

 

Franck Rezzak n’apprécie pas particulièrement cet aspect du Symposium, même s’il s’y plie de bonne grâce. «C’est un peu horrible, en fait. On dirait que les gens viennent chercher des trucs techniques, ils n’ont pas vraiment envie d’aller au-delà. C’est peut-être une façon de nous aborder…» Son «salon de coiffure» est un lieu de recherche sur la beauté et ses standards en évolution, sur la jeunesse éternelle et «le délire de la chirurgie esthétique» et s’imbrique dans une démarche mégalomaniaque. Le dessin s’impose depuis quelques années à l’artiste qui a longuement tâté de l’installation et de la peinture.

 

Bayrol Jimenez vous brandira des gommes à effacer… Oserez-vous?

 

Bayrol Jimenez, quelques pas plus loin, a quasiment noirci tous les murs de son atelier éphémère. Les personnages inspirés des grands titres des journaux s’y côtoient de près. «Ce n’est pas du tout le projet que j’avais au départ. J’ai décidé de prendre des images communes, de tous les jours, pour dévier du thème qui suggère l’extraordinaire. Curieusement, l’amalgame de tous ces personnages crée quelque chose de monstrueux…» Jimenez entend convier la population à effacer des parties de l’œuvre, et ce, dès la fin de la semaine. «C’est un peu le principe des mandalas tibétains, travailler dans l’impermanence. Je suis curieux de voir comment les gens vont réagir…» La mi-temps n’est pas une source de stress pour le Mexicain. «On est très chanceux d’être ici, c’est vraiment agréable!»

Martin Dufrasne est conscient de l’aspect «marathon» du Symposium. «Physiquement et mentalement, c’est difficile. La réception du public est généreuse. En venant au symposium, on peut vraiment tâter le pouls de l’art contemporain!»

 Krisjanis Kaktins-Gorsline se plaît bien au Symposium. Ses étranges têtes peintes sont un assemblage d’images glanées ici et là. Le plus dur pour lui, c’est le côté diurne du Symposium. «Je travaille habituellement la nuit…»

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