GMF de Charlevoix-Ouest : une situation alarmante

Par Gilles Fiset 11:12 AM - 14 février 2018
Temps de lecture :

La prochaine année risque d’être longue et occupée pour les professionnels de la santé du Groupe de médecine de famille de Charlevoix-Ouest qui devront se passer de deux médecins et du même nombre de super infirmiers. L’Isle-aux-Coudres de son côté est laissée à elle-même, ou presque. Le Dr Dallaire, directeur du GMF se confie.
Par Gilles Fiset
Pénurie de médecins cet été
Deux médecins employés à temps partiel par le Groupe de médecine de famille (GMF) de Charlevoix-Ouest devront quitter d’ici quelques mois pour des congés de maternité et seront de retour de trois à six mois plus tard.
Une nouvelle dure à avaler pour le Dr Dallaire qui dirige le GMF de Charlevoix-Ouest qui souffre déjà d’un manque criant de personnel pour soigner sa population. Son groupe dispose actuellement de l’équivalent de sept médecins à temps plein alors qu’il en faudrait deux fois plus selon lui. « La population de Charlevoix-Ouest se monte environ à 15 000 personnes et selon les normes du gouvernement, un médecin de famille peut traiter entre 800 et 1 200 patients. Donc si on fait le calcul, j’aurais besoin de 15 médecins qui font du bureau à temps plein », dit-il en entrevue téléphonique. Ce dernier ajoute que l’ouest de la région compte bien 15 médecins, mais ils ne font pas tous du bureau et ils ne sont donc pas tous disponibles à temps plein pour son groupe. « Il y a quatre médecins à temps complet et six autres à demi-temps, car ils travaillent dans des projets à l’hôpital. Cela en plus des cinq médecins qui ne font que de l’urgence », précise-t-il.
En plus de la perte momentanée de deux médecins, l’UMF devra se passer pour quelque temps au moins de deux « super infirmiers ». Celui en poste actuellement veut retourner auprès de sa famille dans la région de Portneuf, tandis que celle affectée à L’Isle-aux-Coudres est en épuisement professionnel. « La tâche était trop lourde pour une seule personne », rapporte le Dr Dallaire.
SOS L’Isle-aux-Coudres
Sans médecin de famille pendant des mois et désormais sans super infirmière, l’Isle est laissée à elle-même, ou presque. « Je ne peux plus y envoyer de monde, personne ne veut y aller. La tâche est tellement énorme, c’est décourageant pour n’importe qui. Pour une population de 800 personnes, il y a environ 300 patients vulnérables qui ne sont pas pris en charge et la moitié d’entre eux sont même très vulnérables, des cas de cancer ou de greffe cardiaque par exemple. Ce n’est pas d’une infirmière que j’aurais besoin, mais de toute une équipe médicale », confie le médecin responsable du GMF de l’ouest de la région qui a accepté de se rendre sur l’Isle en plus de ses nombreuses heures de bureau afin de dépanner une cinquantaine de patients vulnérables, ceux qui ne peuvent se déplacer.
Pour le Dr Dallaire, la situation exaspérante de L’Isle-aux-Coudres ne peut se résoudre que politiquement. Selon lui, la population devrait même s’impliquer plus dans le dossier « s’ils ne veulent pas voir leur île se vider. Les gens malades vont être inquiets de ne plus avoir de soins médicaux. Il y a bien un CLSC qui peut les aider, mais il ne peut pas tout faire sans médecin », dit-il.
Des secours arrivent, mais si peu
Le directeur de la GMF de Charlevoix-Ouest confirme qu’un médecin a déjà été engagé pour venir seconder ceux déjà présents, mais il n’arrivera pas avant l’automne, le temps de terminer ses examens.
C’est trop peu pour le Dr Dallaire. « Il nous en faudrait beaucoup plus. On aurait quatre candidats potentiels pour venir ici, mais le ministère a refusé parce qu’on n’a pas de postes pour ces médecins. Les postes sont attribués pour l’ensemble de la région 03 et pour nous, c’est vraiment pénalisant. Quand on demande un médecin supplémentaire, le gouvernement répond que l’on ne manque pas de médecins parce qu’il y en a six de trop dans la grande région 03. Mais ces six médecins travaillent dans la grande ville de Québec », affirme-t-il.
Des conditions gagnantes
Certains médecins n’en peuvent plus et la situation est inquiétante. « J’ai un confrère qui m’a confié vouloir devancer sa retraite parce qu’il n’en peut plus de vivre avec autant de pression. J’ai moi-même 64 ans et je travaille plus qu’à 40 ans », rapporte le Dr Gaétan Dallaire qui veut que l’on pense à créer des conditions gagnantes pour attirer de jeunes médecins. « On est débordé d’ouvrage. On voit une quarantaine de patients durant une journée de semi-urgence et on finit en pensant aux 40 autres que l’on n’a pas eu le temps de voir. Imaginez ce que ça fait pour un jeune médecin qui arrive dans la région de voir ça », confie le chef de la GMF de Charlevoix-Ouest.
Les élus préoccupés
Contactée par le journal, la préfète de la MRC de Charlevoix, Claudette Simard, assure que les instances politiques de Charlevoix-Ouest et médicales du Groupe de médecine de famille de sa MRC ont déjà commencé à travailler en collaboration pour trouver une solution à cette situation qu’elle qualifie de « très très problématique ».
De son côté, le maire de L’Isle-aux-Coudres, Dominic Tremblay, confie qu’il prend lui aussi le manque de ressources médicales de sa municipalité très au sérieux et qu’il travaille avec son conseil à redresser la situation, sans donner plus de détails.
 

Partager cet article