« Les gens ont peur de donner »

Par Eric Maltais 12:10 PM - 26 avril 2017
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Elle est belle, travaillante et respire la santé! Elle vit dans l’espoir de ne plus jamais revivre son cauchemar de 2009. En effet, Geneviève Lavoie a failli mourir il y a presque huit ans alors que son cœur s’éteignait à petit feu… Dans la cadre de la Semaine nationale du don d’organes et de tissus, du 23 au 29 avril, elle nous raconte cet épisode plus sombre.
Son histoire a déjà fait les manchettes du journal après qu’elle ait reçu un cœur, le sien étant la cible d’une violente myocardite fulminante, une infection du muscle cardiaque. Elle plongeait dans la vie à grands coups d’amour, comme le chantait si bien Gerry Boulet, sa formation comme infirmière auxiliaire étant complétée, possédant un emploi bien rémunéré au Centre hospitalier Saint-Joseph de La Malbaie et avec un amoureux à ses côtés pour la combler. Bref, quoi demander de mieux à la vie lorsqu’on a 21 ans ?
C’est alors que cette sportive dans l’âme a vécu son calvaire, à partir du 10 juin, le jour où les médecins l’ont mise dans un coma provoqué d’un mois, le temps de reposer son cœur déjà épuisé. Elle était branchée sur une machine extracorporelle faisant circuler le sang pour reposer son organe principal.
Hélas, les résultats furent négatifs, son ventricule gauche ne fonctionnant qu’à 5% alors qu’il devait fonctionner à 70%, tandis que son ventricule droit n’injectait que 3% de sang à son cœur, pour résumer la situation. Mlle Lavoie dut alors, de juillet à août, vivre avec deux cœurs mécaniques, un pour injecter le sang au cœur, l’autre pour l’éjecter, puis grâce à un troisième, alors que les médecins en ont changé un en cours de route à cause d’une canule pliée dans son ventre. Pas encore au bout de ses peines, comble de malheur, ses reins cessèrent de fonctionner à la suite d’un choc violent administré pour provoquer une réaction à son système. L’équipe médicale dut alors lui faire subir de la dialyse afin de purifier son sang, avec l’espoir que ses reins se remettent à fonctionner normalement.
Puis, par miracle ou par enchantement, ses reins se sont remis lentement à filtrer son sang. C’est alors que son nom fut inscrit sur la liste d’attente d’un cœur. « Sans le fonctionnement normal de mes reins, je ne pouvais pas recevoir un cœur. Alors, je ne pouvais être en attente d’une greffe », raconte-t-elle. Son état se détériorait, son entourage immédiat le savait, mais Geneviève l’ignorait. Elle conserve d’ailleurs que de bons souvenirs du personnel qui l’a encadrée lors de cette épreuve au Centre universitaire cardiologique et pneumologique de Québec, affilié à l’Université Laval.
Côtoyer la mort
La jeune adulte comprend aujourd’hui ce secret du moment. Elle luttait pour sa vie, sachant très bien que seul un cœur la sauverait. « Je n’ai jamais pensé que j’allais mourir. Lorsqu’on te dit qu’il te faut un cœur, ça donne une claque, mais il faut s’accrocher. On ne souhaite pas que quelqu’un meure, mais on sait que cela arrivera. Alors on est très empathique envers la famille qui vivra cette situation, même si par soucis de confidentialité, on ne saura jamais de qui l’organe vient. Mais sans donneur, je serais morte. ».
La jeune femme parle d’un mélange spécial d’émotions : « Quand tu te réveilles, tu sais que le cœur d’un autre t’habite. Mais tu n’y peux rien. Alors tu apprends à vivre à nouveau dans l’espoir que tout va bien se dérouler. Aujourd’hui, tout va super bien. Mais je sais qu’un jour, je pourrais vivre des complications. On ne s’arrête pas à cela ».
Elle souhaite aujourd’hui que plus de gens donnent leurs organes car il y a parfois des choses incompréhensibles. On dirait un sujet tabou, que le monde ne veut pas en parler, aborder ce don de la vie. « Les gens ont peur de donner. C’est difficile à comprendre. Moi, je ferai la promotion du don d’organes toute ma vie », conclut-elle, avant de quitter les lieux de l’entrevue, un superbe sourire accroché au visage, après une belle journée de travail auprès de ce qui la passionne… soigner les malades!
Pour les gens, il existe trois façons de signifier son consentement :
-Signer le formulaire Consentement au don d’organes et de tissus de la Régie de l’assurance maladie du Québec ;
-Signer l’autocollant et l’apposer au dos de sa carte d’assurance maladie ;
-Faire inscrire son consentement au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Chambre des notaires du Québec.
 

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