Dossier De la Syrie à Baie-Saint-Paul: Un accueil en forme de cœur

Par Emelie Bernier 12:17 PM - 3 janvier 2018
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Le comité d’accueil des réfugiés est à géométrie variable et existe depuis septembre 2015. Ses membres se préparent à accueillir une 3e famille syrienne, les Ajaoui, vraisemblablement au printemps de 2018.

Aylan Kurdi. Ce nom vous dit-il quelque chose? Aylan Kurdi est ce petit réfugié syrien de 3 ans retrouvé mort noyé sur une plage et dont la photo a fait le tour du monde, donnant soudain un visage et un nom à la crise des réfugiés syriens. À Baie-Saint-Paul, un regroupement de personnes a pris part à cette prise de conscience mondiale. Ensemble, ils ont décidé de fonder le Comité pour l’accueil des réfugiés (CAR), comité qui a largement facilité la venue des Kamel et des Hazzouri dans Charlevoix.
La première réunion du comité en devenir s’est tenu quelques jours après que la photo de l’enfant syrien au gaminet écarlate ait fait la manchette, en septembre 2015. « On était quelques dizaines réunis à l’Hôtel de Ville. Il y avait le maire Jean Fortin, la conseillère Thérèse Lamy, plusieurs personnes de divers horizons, plusieurs « étranges », aussi », explique Rémy Couture, se faisant porte-parole du Comité pour les réfugiés. Le nom évacue volontairement l’adjectif « syrien ». « En fait, on s’est dit que peut-être, un jour, ça pourrait servir à d’autres, alors on a voulu rester le plus large possible », poursuit M. Couture.
La question du parrainage s’est vite invitée à la réunion. « On s’est demandé, concrètement, qu’est-ce qu’on peut faire? Le plus facile était le parrainage privé, plus simple que le parrainage public », explique-t-il.
Rapidement, le comité a établi qu’il serait possible d’accueillir 3 familles et que collectivement, les membres du comité en prendraient la responsabilité. Pour chacune des familles, la paperasse exigeait que des parrains privés soient nommés, mais le comité s’engageait à n’être jamais bien loin.
Parlant paperasse, celle-ci s’est avérée abondante. « On a commencé les démarches en septembre 2015 et la première famille est arrivée en mars 2017. Ça a donc pris un an et demi. Pendant cette période, le groupe a changé, certains sont partis, certains sont arrivés. Le comité n’est pas une organisation enregistrée, formelle. La ville de Baie-Saint-Paul nous prête main forte. Elle gère le compte. Quand on fait des dépôts, des retraits, on passe par la ville, qui émet aussi de reçus de charité quand on reçoit des dons, par exemple », explique Rémy Couture qui est lui-même parrain de la famille Hazzouri avec quelques autres membres du comité.
Une troisième famille devrait arriver d’ici le printemps. « Si on se fie au « pattern » des 2 premières familles, entre le moment où on a reçu les lettres et les numéros de dossier et l’arrivée, ça a pris un an. Là, on a reçu la lettre en avril 2017, donc on prévoit qu’ils pourraient arriver au printemps s’ils conservent le même modus operandi. De toute façon, faire venir des Syriens en janvier, ce serait pas très très gentil », rigole-t-il.
Dès que l’arrivée sera annoncée, le comité fera comme pour les deux familles précédentes. On trouvera un appartement, des électroménagers si celui-ci n’est pas semi-meublé. On magasinera à la friperie Pro-Santé pour dégotter de la vaisselle, des vêtements de saison… Et on fera appel à la population pour dégotter ce qui manque, dont de l’argent, bien sûr. Le comité doit être prêt à supporter financièrement la famille accueillie durant 6 mois. « Ça prend environ 10 000$. Il faut savoir qu’à part les allocations pour les enfants et les allocations pour la francisation, il n’y a pas d’aide gouvernementale pour les aider et que tout ça prend un certain temps. Pour les deux premières familles, on a fait quelques levées de fond. Des commerçants nous ont offert de l’épicerie, des produits de pharmacie. Le centre communautaire Pro-Santé a donné un coup de main. On met de boîtes de dons un peu partout. On a des dons privés aussi », explique Rémy Couture. Il y aura d’ailleurs un souper bénéfice le 2 février au Centre éducatif Saint-Aubin pour remplir les coffres pour l’arrivée des Ajaoui et de leurs trois enfants, la 3e famille.
Le véritable lien avec les familles se construit à partir de leur arrivée. « Il y a de l’accompagnement au quotidien! Et pas seulement de la part des parrains… Des membres du comité s’impliquent énormément. Ils visitent les familles plusieurs fois par semaine. C’est volontaire, d’abord, mais au fil des mois, c’est devenu amical. Ce sont des gens très gentils et extraordinairement reconnaissants», constate-t-il.

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