Deux charlevoisiennes à contre-courant

Par Jean-Sébastien Tremblay 7:55 AM - 4 avril 2018
Temps de lecture :

À l’heure où l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) publie une étude démontrant le déclin de la population dans la région, deux jeunes «néo-charlevoisiensiennes» défient les statistiques. En effet, Magali Boulet et Audrée Bélanger ont toutes deux décidé de quitter la région métropolitaine de Montréal pour venir s’installer à La Malbaie. Maintenant chez elles entre fleuve et montagne, elles croient que l’implication dans leur milieu est la clef du succès de leur changement de vie.
Magali avait 19 ans lorsqu’elle a déposé ses valises dans Charlevoix. Audrée, quant à elle, en avait 24. L’une comme l’autre sont nées et ont grandi en banlieue montréalaise. « Après avoir fini mes études, j’ai choisi de venir m’installer dans Charlevoix. Je ne voulais supporter supporter le stress et le rythme de vie effréné de la ville. Je voulais autre chose pour ma vie d’adulte », avance Mme. Bélanger. Ce désir est partagé par Mme. Boulet, qui visite la région depuis son plus jeune âge.
Une fois arrivée dans Charlevoix, les deux jeunes femmes ont pris le contrôle de leur destinée. « Étant photographe, j’ai offert mes services aux gens du coin. J’ai eu une belle réponse », avance Magali. Cette dernière considère que la beauté de panoramas est un atout pour son entreprise. Audrée, quant à elle, a travaillé dans une auberge et à Tourisme Charlevoix avant de fonder son entreprise ABCom, spécialisée en communication et marketing. Celle-ci a également adapté son modèle d’affaire aux réalités charlevloisiennes, en offrant des services aux entreprises touristiques et en s’associant aux causes qui lui tiennent à cœur. Les deux jeunes femmes soutiennent qu’il est essentiel d’être proactif et créatif afin de connaître du succès professionnel. « Dans Charlevoix, les contacts sont essentiels. Il faut faire sa chance et voir les opportunités », avance la communicatrice. Au-delà de cela, elle avance que les choix qu’elle a fait a des impacts directs sur la qualité de vie. Elle est d’ailleurs très impliquée. « Ici, j’ai vraiment l’impression que je peux faire une différence », confie-t-elle.
Sur le plan personnel, le parcours des jeunes femmes a divergé. Magalie, quant à elle, a bénéficié du support et de la présence de sa famille qui est emménagée avec elle dans la région. De plus, elle est très heureuse de l’accueil qu’elle a reçu. « Le mythe selon lequel les charlevoisiens ne sont pas accueillants pour les étrangers qui viennent s’installer est faux. J’ai n’ai jamais senti de résistance ni de regard déplacé », déclare la photographe. Quant à elle, le projet d’Audrée de vivre dans la région en était un au départ de couple. Néanmoins, son conjoint de l’époque a décidé de retourner en ville, alors qu’elle a choisi de rester où elle commençait à s’enraciner. « Pour se faire un cercle social, il faut créer un moment. Il faut sortir de chez soi et aller à la rencontrer des gens », affirme celle qui n’a pas senti de résistance particulière dans la communauté.
Aujourd’hui, alors que les deux femmes sont installées dans la région depuis respectivement cinq et sept ans, elles ne regrettent pas leur choix. « Il y a des avantages à être en région, il y en a d’autres à être en ville. Il faut décider de que l’on veut, en tant qu’adulte, pour notre avenir » poursuit Audrée Bélanger. Elle voit dans le milieu plus efforts afin de retenir les jeunes. Néanmoins, les deux entrepreneures lancent un cri d’alarme et demandent aux entreprises locales de confier leurs mandats de service localement, plutôt qu’à des compagnies de Québec ou Montréal. Elles rappellent que les jeunes charlevoisiens sont compétent, travaillants et déterminés. Pour celles-ci, ce type de pratique est l’une de clef avant de combattre le déclin démographique.

Partager cet article