Cinq questions à un prof de la région – l’altermondialisme

Par Jean-Sébastien Tremblay 1:09 PM - 27 mai 2018
Temps de lecture :

 Au cours des prochains mois, le Charlevoisien s’entretiendra périodiquement avec différents professeurs de la région à propos de différents sujets d’actualité dans un format question – réponse. En plus d’éclairer nos lecteurs, ces articles seront l’opportunité de mettre en lumière les connaissances des professeurs d’ici.
À quelques semaines de la tenue du Sommet du G7, la possible venue de centaines de manifestants fait craindre les Charlevoisiens et Charlevoisiens. Dans les médias, l’expression « altermondialisme» est couramment utilisée pour les décrire, à tort ou à raison. Cette semaine, Jessica Crossan traite de la question. Cette dernière enseigne la sociologie depuis 10 ans au Centre d’études collégiales en Charlevoix. Elle y donne plusieurs cours dont celui de Défis sociaux et altermondialisation. Elle participe à l’évaluation de manuels de sociologie et s’implique à titre de co-présidente au sein de l’Association des professeur-e-s de sociologie des collèges depuis quelques années. Elle a complété ses études en sociologie à l’UQÀM et à l’université Laval.
1. Jessica, peux-tu nous expliquer qu’est-ce que l’altermondialisme?
On appelle l’altermondialisme « le mouvement des mouvements » parce qu’il est constitué par un ensemble de groupes partageant des valeurs similaires et des objectifs semblables. On utilise le préfixe alter parce que l’ensemble des groupes altermondialistes s’opposent à la mondialisation économique telle qu’elle se développe actuellement, tout en proposant des alternatives.
2. Ces gens, qui sont-ils ?
Plusieurs groupes se réclament de l’altermondialisme dont des groupes de femmes, des ONG, des groupes écologistes, des regroupements paysans, des syndicats, des groupes de défenses des droits des autochtones, des groupes anarchistes et anticapitalistes, etc. Par exemple, une organisation comme ATTAC lutte contre les paradis fiscaux ; l’organisme Eau Secours milite pour une gestion responsable de l’eau ; le mouvement Idle No More défend les droits autochtones.
3. Que pensent les groupes altermondialistes de la mondialisation économique?
Les altermondialistes s’opposent à une mondialisation économique dont l’idéologie première est celle du néolibéralisme, que l’on pourrait définir comme une volonté de mettre de l’avant l’ouverture des marchés économiques des pays et l’extension du système capitaliste sur la planète.
Pour les altermondialistes, la mondialisation mène à la délocalisation des entreprises et à l’exploitation des travailleurs des pays plus pauvres en même temps qu’à la perte des emplois dans les pays du nord, à la déréglementation favorisant les multinationales et les grandes entreprises et à une logique de privatisation s’immisçant de plus en plus au sein des États.
Les altermondialistes critiquent aussi le fait que de plus en plus de « biens » considérés comme appartenant à la communauté tels que l’eau, l’éducation, les semences et leur patrimoine génétique, la culture ou encore la santé, deviennent des marchandises comme d’autres que l’on peut s’approprier avec l’objectif d’en faire du profit.
4. Pourquoi descendent-ils dans les rues ?
Les altermondialistes manifestent pour exprimer leur désaccord face à cette mondialisation. Ils et s’opposent à des rencontres comme le G7 qui aura lieu dans Charlevoix ou encore le G20 qui s’est tenu à Toronto en 2010, parce qu’ils considèrent ces rencontres anti-démocratiques et peu transparentes. Pour eux, les chefs d’États se font de plus en plus les complices du néolibéralisme et de la mondialisation économique en privatisant les services publics, en permettant à des multinationales de s’approprier des ressources collectives et en servant ainsi les intérêts privés des banques et de diverses industries. La grande majorité des groupes altermondialistes sont pacifiques. Seulement une minorité à recours à la violence.
5. Au final, que proposent les altermondialistes?
Que la mondialisation soit plus équitable et plus juste. Que la protection de la planète soit priorisée et qu’on reconnaisse l’urgence d’agir. Qu’on protège le patrimoine génétique, la biodiversité et que l’agriculture soit pratiquée d’une manière plus durable. Que la paix, la démocratie, l’auto-détermination des peuples et les droits humains priment sur la recherche démesurée du profit des multinationales.
Le slogan des altermondialistes est : Un autre monde est possible!

Partager cet article