Charles-Henry Sheehy, le petit guerrier

Par Emelie Bernier 10:04 AM - 24 février 2017
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Charles-Henry avec ses parents, Martin et Claudia.

Ce qui devait être une semaine de repos au soleil a vite tourné au cauchemar quand la travailleuse sociale du CHUL a réussi à rejoindre pour Claudia Boudreault pour lui annoncer la dernière nouvelle qu’une mère veut entendre. Son bébé de 8 mois, Charles-Henry, se trouvait à l’hôpital, terrassé par une méningite bactérienne. Ce même Charles-Henry qu’elle tenait dans ses bras, pétant de santé, la veille!
« C’est à peu près la pire affaire au monde. Je l’ai su samedi midi, il n’y avait plus de vol… Il a fallu que j’attende au dimanche… Disons que j’ai passé un mauvais quart d’heure. Quand je suis arrivée, il venait de sortir des soins intensifs après un 48 heures en situation critique », explique la maman.
Aujourd’hui, le pire est derrière elle et son conjoint Martin Sheehy. Les deux grandes sœurs de Charles-Henry peuvent aussi être rassurées. Le pire est derrière Charles-Henry aussi, même si le petit bonhomme a encore du chemin à faire…
« Il a été rapidement pris en charge à La Malbaie et transféré à Québec ce qui a fait qu’on a évité le pire comme des dégâts neurologiques ou même une amputation, qui sont des choses qui arrivent. Mais quand ils ont fait les tests pour voir s’il y avait des dommages, ils ont réalisé que Charles-Henry n’entendait plus des deux oreilles. La surdité est la fonction attaquée en premier par la méningite bactérienne », poursuit Claudia Boudreault, qui habite Notre-Dame-des-Monts.
Les médecins traitants ont mis sur la table les options et la décision a dû être prise très rapidement. «Sa seule chance de réentendre impliquait les implants cochléaires et il fallait se décider rapidement, car la méningite fait ossifier une partie de l’oreille. On a pris la décision d’y aller, bien sûr. Il a été opéré le 3 février », poursuit Mme Boudreault.
Mais qui dit implant cochléaire dit réadaptation et les prochains mois seront consacrés à ce processus.
« Jusqu’au 27 février, on est convalescence à la maison, mais il faut qu’il réapprenne à apprendre écouter d’une autre façon et pour ça, je vais devoir m’installer en ville avec lui. Au début, quand ils m’ont expliqué l’opération et tout ça, je n’avais pas compris que je ne pourrais pas travailler durant 15 semaines… mais ça n’aurait pas changé la décision. C’était impossible de ne pas le faire, de ne pas lui donner cette chance!», ajoute celle qui termine son congé de maternité dans un mois. Le retour au travail (elle travaille à La Marée) devra attendre. Les revenus aussi. Mais les dépenses, elles, n’attendront pas, puisque durant 15 semaines, elle devra louer un appartement à Québec.
«On a fait un appel à tous sur internet pour trouver quelque chose à sous louer jusqu’en juillet. On a eu plein de suggestions, mais on a vite réalisé qu’un appartement en ville, c’est plus cher que notre hypothèque. Et on a quand même toutes nos obligations financières…. », souligne Claudia, loin de vouloir se faire prendre en pitié.
L’idée d’une campagne de socio financement n’est même pas d’elle, ni du papa de Charles-Henry. « C’ est venu de mon amie Mary-Pyer! Tout notre entourage veut nous aider, mais il n’y a pas grand-chose à faire. Nos mères nous ont fait de la bouffe, ça aide beaucoup, mais il n’y a pas vraiment plus à faire que ça. Des sous, c’est apprécié, mais on n’est pas du genre à demander… Quand Mary-Pyer nous a proposé ça, on s’est dit : « ben voyons, pourquoi le monde va nous donner de l’argent? Ça fonctionnera pas! ». On lui a laissé entre les mains, se disant qu’au pire, on l’enlèverait d’internet, mais ça a pris une ampleur incroyable… », raconte Claudia, de la reconnaissance dans la voix.
La campagne sur gofundme est bienvenue pour les parents qui veulent donner à Charles-Henry toutes les chances de reprendre une vie normale. «La partie inconnue, c’est après le 4 mois. C’est un peu mystérieux! La réadaptation va aller a son rythme et on ne sait pas comment ça va fonctionner. Disons que d’atténuer un peu le stress financier est rassurant », confie la maman.
Durant les prochains mois, elle passera 4 jours par semaine à Québec et reviendra la fin de semaine dans Charlevoix pour voir ses filles, Joanie et Érika, nées d’une union précédente. «Mon ex conjoint est super conciliant, il va prendre les filles quand je vais être en ville. Joanie et Érika ont été très inquiètes pour leur petit frère. Ça été un gros choc d’apprendre qu’il était sourd, mais il a fallu leur expliquer », poursuit Mme Boudreault. Au final, elle considère qu’ils ont eu « beaucoup de chance dans la malchance ». «C’est quand même la moins pire des conséquences et il y a quelque chose à faire! Il aurait pu avoir des séquelles neurologiques, il aurait pu perdre la vue, un membre… À toutes les étapes, à tous les nouveaux spécialistes, on tombait sur la bonne personne. Personne n’a pris de chance, ils ont fait tout ce qu’il fallait », remercie-t-elle, visiblement très reconnaissante.
La partie n’est pas terminée, mais la détermination est là. « C’est comme recommencer avec un poupon! Il a perdu beaucoup de tonus musculaire, il demande beaucoup de soin. Mais il est très joyeux, il a toujours le sourire. ÇA nous aide! Et Charles-Henry a de la chance parce qu’il a déjà entendu. Il avait commencé à parler alors toutes ces parties là sont stimulées dans son cerveau, contrairement à quelqu’un qui n’a jamais entendu. Ça va beaucoup l’aider », résume la maman qui, tout comme le papa, a confiance en la réhabilitation de son « petit guerrier ».
Les parents tiennent à remercier les gens qui contribuent à la campagne sur go fund me. «On ne pensait pas que notre histoire toucherait les gens comme ça. On reçoit de beaux messages. On se sent soutenu, et j’ai déjà hâte de montrer tout ça à Charles-Henry quand il va être grand!»
Envie de contribuer? Suivez le lien suivant : https://www.gofundme.com/pour-la-famille-a-charleshenry
Pour les moins « technos », la famille du papa Martin Sheehy a aussi mis à la disposition des gens une banque sur le comptoir l’épicerie Yvon Duchesne et fils à Saint-Urbain.

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