Des chambres vides, des propriétaires abandonnés

Par Jean-Sébastien Tremblay 4:02 PM - 6 juin 2018
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Émilie* et Patrick* possèdent une maison de chambre à La Malbaie, secteur Pointe-au-Pic. Comme bien des résidents, ils attendaient avec impatience le Sommet du G7 afin de remplir leurs chambres. Or, la manne n’est pas venue pour eux. Ils dénoncent maintenant l’organisation de l’événement, à laquelle ils reprochent de délaisser les citoyens.
« À ce temps-ci de l’année, nos chambres sont pleines d’habitude. Nous hébergeons principalement des stagiaires, des étudiants et des travailleurs de passage. Cette année, personne ne loge chez nous », déclare l’hôte, frustré de la tournure des événements.
Comme bien de Charlevoisiens et Charlevoisiennes, ils espéraient que le Sommet du G7 allait leur apporter des dividendes. En effet, ils ont libéré l’entièreté de leurs chambres, prêtes à accueillir des personnes impliquées de près ou de loin avec l’événement. Ces derniers étaient certains de remplir leur établissement.
« Cet hiver, nous avons appelé partout. Nous avons effectué des démarches auprès d’Affaires mondiales Canada afin de proposer nos chambres. Ils nous ont référé à un autre département. Ce dernier nous a à son tour transféré vers un autre service. Au final, personne n’a loué nos chambres », décrit Émilie. Afin de pallier à la situation, le couple a tenté d’attirer d’autres personnes dans leur établissement à l’aide d’annonces en ligne, lesquelles n’ont pas donné plus de résultats.
Émilie et Patrick ne comprennent pas la tournure des événements. Ils se sentent délaissés par la Ville de La Malbaie et le gouvernement fédéral. « Nous payons des taxes commerciales à la municipalité. Nous aurions souhaité qu’elle nous aide dans nos démarches et qu’elle s’assure que toutes les entreprises bénéficient du Sommet, peu importe leur taille », avance l’homme.
Ils croient qu’il y existe un clivage entre les petits et les grands établissements d’hébergement. « Les petits résidants, on se tue à l’ouvrage pour tenter de maintenir notre entreprise à flot, alors que les gros joueurs empochent », soutiennent-ils. D’ailleurs, même s’ils n’hébergent personne pour les prochains jours, Émilie a pris congé de son emploi régulier durant l’événement, afin de s’assurer que leur résidence, à proximité de la zone de libre expression, ne soit pas prise d’assaut par les casseurs.
De toute évidence, peu importe la tournure des événements, les deux citoyens garderont un goût amer du Sommet du G7. « La grosse machine du gouvernement, elle nous laisse quoi ? Rien à nous. En plus nous devrons endurer tous les désagréments », conclut Patrick, qui envisage maintenant de vendre sa propriété pour migrer en ville. Leur rêve de prendre part à une « croissance économique qui profite à tout le monde » est désormais brisé, même s’il s’agit de l’un des cinq thèmes du Sommet du G7
* Les noms des personnes ayant témoigné ont été changés afin de conserver leur anonymat. Ces dernières craignent les représailles.

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