Le bonheur selon Jean-Michel Ferland

Par Emelie Bernier 8:01 AM - 8 mars 2017
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Jean-Michel est très bien entouré par son père Mario, sa mère Mandy, et son intervenante, Josette McNicoll.

Jean-Michel Ferland, porte-parole Semaine québécoise de la déficience intellectuelle
Lorsqu’on demande à Jean-Michel comment il trouve sa vie, il répond d’emblée qu’il est heureux! Heureux d’avoir un travail qu’il aime, heureux de vivre avec ses parents et de profiter des talents de cordon bleu de son père Mario, heureux d’être intégré dans sa communauté et de vivre une vie active, avec la déficience intellectuelle qui l’accompagne depuis sa naissance. Et ce bonheur, il le partage, partout où il passe!
Mandy Saint-Gelais et Mario Ferland ont su rapidement que Jean-Michel, leur 2e enfant, avait un petit quelque chose de spécial… 22 ans plus tard, ils ont appris à vivre avec les particularités de leur fils et ne peuvent que constater à quel point celui-ci est un jeune homme intéressé et intéressant, plein de vie et de potentiel!
«Quand Jean-Michel est né, on avait déjà une petite fille de 3 ans, donc on a pu percevoir des différences assez tôt. Jean-Michel ne parlait pas beaucoup, il criait pour demander les choses, il ne marchait pas… On est allé consulter un neurologue, puis un pédopsychiatre. Il a fait plusieurs jours d’évaluation pour savoir où il se situait », explique Mandy Saint-Gelais. Quand le diagnostic, ou plutôt les diagnostics, sont tombés, les parents ont pris leur courage à deux mains. Dès le début, ils ont su qu’ils feraient tout pour que leur garçon ait la vie la plus « normale » possible. «On s’est dit « on va continuer, on va tout lui donner comme service. Et on a demandé. On en a plus qu’ouvert des portes, on en a défoncées! », se souviennent les parents. Encore aujourd’hui, ils font figure de pionniers et leur acharnement est reconnu dans le milieu puisqu’il a influencé la gestion de dossiers comme celui de Jean-Michel par la suite.
Il faut dire qu’à l’époque, la procédure avec les enfants comme Jean-Michel était à priori de les intégrer dans les classes régulières. «Nous, on savait très bien que dans une classe de 25 ou 30 élèves, il ne pourrait pas fonctionner. On s’est battu, on a eu des expertises. On s’est outillé avec les rapports et on a dit : on veut des services pour notre fils. À partir de ce moment-là, il a eu un intervenant un pour un, même à la garderie scolaire, et il a pu cheminer, à sa façon, à son rythme », explique Mario Ferland. « Jean Michel a fait 3 fois sa maternelle », illustre Mandy.
Lorsque Jean-Michel atteint l’âge de 7 ans, les parents sont au bout du rouleau. «Il a fallu admettre qu’on n’en pouvait plus et on a bénéficié d’une famille de répit. On a placé Jean Michel durant un an, pour récupérer, parce qu’on en avait jusque-là. C’était difficile à admettre. On allait le porter le dimanche et le rechercher le vendredi. Quand il est revenu, on avait l’énergie pour s’en occuper pleinement », confient les parents. C’est d’ailleurs pour transmettre ce message qu’ils ont accepté de se prêter au jeu de l’entrevue, dans le cadre de la semaine québécoise de la déficience intellectuelle. « Il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide », lancent-ils en chœur.
Au secondaire, Jean-Michel s’est mis à faire des pas de géants, se souvient son père. « Il a développé son autonomie, il a commencé à lire, même à écrire», se remémore-t-il. «Et c’est là que j’ai découvert la cuisine, avec M. Hugues », ajoute Jean-Michel.
S’il travaille aujourd’hui chez Mikes, c’est beaucoup grâce à son passage dans cette classe, la bien nommée Passerelle. « On allait dans la cafétéria pour apprendre des choses. Laver la vaisselle, s’occuper du recyclage… » ajoute le jeune homme qui lorgnait déjà du côté de la popote. Grâce au programme TEVA (Transition école-vie active), à partir de 18 ans, il effectue des stages en milieu de travail, notamment au salon de toilettage Air bête et à la Cire-Constance.
Le hasard, et la fermeture des Industries Cover où travaille Mario Ferland, réunit père et fils chez Maxi pour une certaine période de temps. « Je travaillais avec mon gars. On se complétait! », rigole Mario. Mario retournera à l’usine. Jean-Michel, lui, aura envie de davantage de défis. C’est chez Mikes que depuis juin, il a trouvé ce qu’il cherchait, un match « gagnant-gagnant » où tant l’employeur que le jeune homme trouvent leur compte. (Voir autre texte)
Aujourd’hui, Jean-Michel Ferland est le fier porte-parole de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle dans Charlevoix parce qu’il a envie de montrer à quel point il est intégré dans la société et combien il aime sa vie! « Je suis très occupé, j’ai une belle vie! »
Ses parents, eux, profitent de la tribune qui leur est offerte pour envoyer un signal positif aux parents d’enfants vivant avec une déficience intellectuelle.
« On aimerait leur dire : ne restez pas seuls, n’hésitez pas à demander de l’aide! Oui, vos enfants ont des limitations, et vous, les parents, vous êtes les piliers, mais il y a des ressources : les éducateurs, les professeurs, les services. Il ne faut pas hésiter à aller vers le RISC, l’association ALTI, vers les services de main d’œuvre l’Appui. Il y a des répits, des familles d’accueil. C’est une force de dire qu’on a besoin d’aide, ce n’est pas être un mauvais parent. Prenez le téléphone, appelez au CLSC, défoncez des portes vous aussi! Pour le bien de vos enfants », clament avec aplomb les parents, lançant au passage quelques fleurs à l’éducatrice Josette McNicoll, qui les accompagne au quotidien. «On remercie notre éducatrice pour sa disponibilité. Elle est toujours là pour nous… C’est beaucoup, pour nous, de savoir qu’on peut compter sur elle. On n’est pas laissé à nous-mêmes. Josette, elle a toujours un programme à proposer! Elle a une boîte à outils bien garnie!»
« Et moi, je l’aime beaucoup! », conclut Jean-Michel, avec un beau sourire et les yeux brillants d’un garçon épanoui.

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