Agriculture: l’état des lieux

Par Emelie Bernier 1:14 PM - 16 novembre 2017
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Marc Séguin avec le pionnier de la permaculture Joel Salatin, lors du tournage de La ferme et son état.

En réalisant le documentaire La ferme et son état, Marc Séguin souhaitait montrer qu’une agriculture de proximité est non seulement possible, mais nécessaire. Projeté au Festival Cuisine, Cinéma et Confidences le 4 novembre, son film aux subtils airs de pamphlet arrive à point et trouve des échos dans Charlevoix.
Mis au courant des difficultés éprouvées par la Ferme Éboulmontaise, un des pionniers de l’agriculture de niche dans la province (voir autre texte), Marc Séguin s’est dit « immensément triste ». Cette situation corrobore un des postulats de son film : l’innovation en agriculture est difficile au Québec.
« Dès que tu as une forme d’idée, d’innovation, tu déranges. On a tous standardisé et industrialisé, on a fait une loi de moyenne. « Faisons ce qui dérange le moins et n’ayons pas trop d’idées, car ça pourrait nous menacer. Choisissons la route tranquille ». L’agriculture s’est fonctionnarisée et quand quelqu’un arrive avec une idée qui sort des cases des formulaires, ça dérange tout le bureau. Étonnamment, notre système narcissique social promeut la spécificité, le fait d’être unique… C’est largement valorisé, mais dans les faits, sur le terrain, c’est le contraire de ça », ne peut-il que constater.
Si certains constats sont accablants, son film est cependant lumineux. De jeunes et moins jeunes agriculteurs, allumés, y sèment l’espoir d’un renouveau agricole. «Il y a tellement de belles choses qui se produisent, qui sont porteuses de plein d’espoir et d’avenir, mais la réalité est dure à gérer, à soutenir. Il y a un manque flagrant de courage, de politique, d’identité, de support», de renchérir le cinéaste qui est aussi artiste visuel et fermier. Il déplore que Gabrielle Cadieux-Gagnon ne soit pas soutenue dans sa démarche.
« Il y a clairement des mécanismes qui font défaut. Pourquoi ne pas lui donner une chance de quelques années, des sous qui permettent une prise de risque? Si cette fille-là veut le faire, elle devrait être encouragée! D’un côté, il y a une forme d’hypocrisie. On s’en fait des choux gras, de l’Indication géographique protégée, mais on ne les aide pas quand ils en ont besoin », déplore l’artiste.
Selon lui, Charlevoix risque ici de perdre un phare. «Ça fait longtemps que je vais dans le coin et si une région rayonne par ses produits, c’est celle-là! Elle n’est pas difficile à vendre! Ce n’est pas dur de vendre le fromage, l’agneau, mais quand des phares s’éteignent, il y a un problème », conclut Marc Séguin.

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