Paris tristesse (la suite): Le meilleur, parce qu’on en a marre du pire

Par Emelie Bernier 25 novembre 2015
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Vous n’en avez pas marre de lire les inepties qui tartinent les pages des journaux? D’entendre les commentaires paranos qui empoissonnent les ondes? D’apprendre, par la voix triste et froide des sondages, que trois Québécois sur cinq n’ont pas envie de voir débouler les demandeurs d’asile syriens dans leur cour? Peut-être qu’ils s’imaginent que les réfugiés de guerre trimballent des kalachnikovs et des ceintures explosives dans leurs valises… « Hello », comme dirait Adele : de valises, ils n’en ont point! 

Parce que j’en ai marre de la xénophobie, j’ai fait un recensement de quelques initiatives qui me réconcilient avec l’humanité, de celles qui me redonnent espoir en mes frères et sœurs, brandissent la loupe sur leurs bons côtés, celui que je préfère et qui nourrit l’espoir qu’on ne soit pas tous de fieffés égoïstes…

Et il y en a. En voici deux.

D’abord, tout près de nous, 25 000 tuques (jdussot.wix.com/25000tuques), un bel élan d’amour artisanal dont l’objectif est d’offrir aux réfugiés de quoi se tenir la tête au chaud dès leur arrivée dans notre norditude… J’adore la devise : « Parce qu’au Québec, le seul véritable ennemi, c’est le froid. » C’est vrai, ça, non? Les gens qui arriveront ici ont fui la guerre, la misère, la terreur. Des ennemis, ils en ont eu assez pour toute une vie. Et leurs amis, leurs parents n’ont probablement pas suivi. Ils ont laissé derrière des vivants, mais aussi leur lot de défunts. Et trainent les deuils sur leurs dos. Si seulement on pouvait leur offrir aussi un petit tricot pour emmailloter leur cœur brisé…  25 000 tuques, « c’est le même principe que les tuques des nouveau-nés qu’on accueille dans la vie et c’est aussi parce qu’on veut une société tricotée mieux que ça […] On tricote de nos mains une tuque, la plus belle et la plus chaude possible et on y glisse un mot de bienvenue, le plus beau et le plus chaud possible », peut-on lire sur le site improvisé.

Tricoteurs, tricoteuses, si l’envie vous prend de joindre vos aiguilles au mouvement, c’est simple. Vous tricotez un bonnet, vous y glissez quelques mots gentils et vous le déposez dans un des points de chute. Le plus près d’ici est au Musée de Charlevoix, ou vous le faites parvenir à cette adresse : 25 000 tuques A/S Danielle Letourneau, CP 42509 Snowdon, H3W 3H7 Montréal Québec.

Envie de faire plus? En France, le mouvement Singa et son programme CALM (pour Comme à la maison) est un exemple à suivre. (À lire, l’excellent artiste de mon amie Bianca Joubert en suivant ce lien : ricochet.media/fr/756/initiatives-citoyennes-pour-les-personnes-refugiees). Déjà, le Québec emboite le pas et même si on ne va pas aussi loin que les cousins, c’est déjà pas mal. (Écoutez ceci : ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2015-2016/chronique.asp?idChronique=382463). Singa, c’est quoi? C’est un mouvement citoyen qui fait le lien entre des personnes du pays d’accueil et des nouveaux arrivants. On s’en doute : les réfugiés sont déboussolés. Des repères, ils n’en ont aucun. Être réfugié, c’est repartir à 0. Imaginez ne pas parler pas un mot de la langue du pays d’accueil… Singa est une plateforme qui permet aux réfugiés de sentir le plancher sous leurs pieds. De rencontrer des gens avec qui ils ont des affinités. Pour partager. Pour tisser des amitiés.

Pour se tricoter une nouvelle vie, maille après maille.

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