Le couronnement des préfets

Par Dave Kidd 18 novembre 2015
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Le 25 novembre, la mairesse Claudette Simard, de Saint-Urbain, et le maire Sylvain Tremblay, de Saint-Siméon, seront reconduits dans leur poste de préfet, sans opposition. Ils entreprendront un second mandat aux commandes des MRC de Charlevoix et de Charlevoix-Est. Ce couronnement  vient avec un titre, mais surtout avec des heures de travail, pour de maigres émoluments.

Ces deux personnalités présentent un style bien différent, ce qui a sans doute permis l’amélioration de bonnes relations entre les MRC. Pour employer l’expression de Michel Couturier, maire de La Malbaie, « politiquement, elles [les MRC] sont fusionnées ».

Il faut se souvenir de leur premier tête à tête en début de mandat; c’était comme un rendez-vous entre deux personnes qui s’étaient rencontrées par l’entremise d’amis communs. Dans ces circonstances, on ne pouvait pas rêver d’un coup de foudre. C’était plutôt : « on va apprendre à se connaître et on verra ».

Aujourd’hui, il n’est pas exagéré de dire qu’ils « vont rester des amis ». Dans certains cas, une solide amitié se relève plus durable qu’une relation. Ils iront souper ensemble, mais repartiront chacun de leur côté.

M. Tremblay

Le préfet Tremblay occupe l’espace médiatique. Le gars de communication qu’il est prenait souvent le dessus sur le préfet. Voilà pourquoi ses collègues maires ne l’ont pas toujours trouvé drôle. Il a appris en deux ans, ses cris du cœur sont mieux gérés. Il a compris que déchirer sa chemise sur la place publique donne un bon show de Kodak, mais la répétition finit par ne plus donner de résultats. La difficile situation économique de sa MRC justifiait des interventions politiques. Est-ce que des actions plus discrètes en haut lieu auraient changé le cours des choses? On ne le saura jamais…

Politiquement, le préfet Tremblay a aussi entretenu des relations difficiles avec la députée libérale Caroline Simard. Il était près du bureau de Pauline Marois. Rien d’anormal pour un élu de se coller au bureau de la première ministre du Québec et députée du comté. Le pouvoir, c’est le pouvoir!  Depuis quelques mois, la situation semble plus normale. En apparence du moins…

Dans ce second mandat, la population découvrira son étoffe alors que l’organe économique de la MRC  « Mission développement Charlevoix », le remplaçant du Centre local de développement (CLD), amorcera ses activités. Cet organisme ne fonctionnera pas à coups de baguette magique. Il devra recevoir un mandat spécifique des élus. Alors si le préfet veut que ça bouge, lui et les ses maires auront l’occasion de le démontrer…

Mme Simard

Dans la MRC de Charlevoix, la transparente Claudette Simard a aussi appris son rôle de préfet depuis deux ans. Quand ça ne fait pas son affaire, c’est perceptible dans son visage avant même qu’elle n’ouvre la bouche. Elle ne s’est pas embourbée au cours de son premier mandat, même si son idée de fusionner les Services incendie n’était pas la trouvaille du siècle. L’idée n’était pas mauvaise en soi, elle a juste été amenée d’une manière un peu trop rapide. Au final, elle aura conduit à l’entente de l’entraide mutuelle et pavé la voie à l’entraide automatique. Elle pourrait parler d’une victoire morale.

Mme Simard s’était portée candidate à la préfecture pour aller plus loin dans son implication municipale. Elle était rendue là dans son cheminement. Sa présidence du défunt CLD de la MRC de Charlevoix lui a fourni une belle visibilité et lui a permis aussi de découvrir ce qui se tramait dans les coulisses du milieu politico-économique. Il y a le discours officiel et… la réalité!

La préfet n’a pas la langue de bois et parle souvent avec son cœur. Sa détermination, très caractéristique dans le dossier de la couverture cellulaire, est inépuisable. Un refus pour elle signifie que son interlocuteur a sans doute mal compris!

Son second mandat sera aussi son vrai test. Tout comme pour son vis-à-vis de l’Est, l’économie doit figurer au cœur des priorités. Le Service de développement local et entrepreneurial (SDLE) est aujourd’hui sans patron. Maintenir le statu quo serait courir un gros risque et la directrice générale de la MRC ne peut pas tout faire. La décision qu’elle prendra donnera la ton à son second mandat. 

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