Alain-Jacques Simard a définitivement la fibre des affaires

Par Dave Kidd 22 juin 2016
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Dave Kidd

Alain-Jacques Simard, de Baie-Saint-Paul, mène une brillante carrière dans le milieu des affaires. L’entreprise qu’il a fondée avec quatre de ses amis de l’université se spécialise dans la photonique. Teraxion s’assure d’avoir un coup d’avance pour rester dans le peloton de tête.

Le président et chef de la direction de l’entreprise qui a pignon dans le parc technologique de Québec a fait le tour du monde. « Je me suis toujours considéré comme un gars chanceux. J’ai eu le plaisir de lancer une compagnie avec mes amis et la réussite a été au rendez-vous », dit-il.

Alain Chandonnet, Martin Guy, Ghislain Lafrance, Richard Kirouac et Alain-Jacques Simard ont fondé Teraxion en 2000. Ils sont demeurés tous les cinq au sein de l’entreprise jusqu’en 2009, année où a eu lieu un rachat des actionnaires. Le Fonds de solidarité, la Caisse de dépôt et placement du Québec, Fondaction de la CSN, Accès Capital Québec et les dirigeants ont alors investi dans l’entreprise. C’est cette même année que ce fils de Baie-Saint-Paul prenait les commandes en devenant président et chef de la direction.

Les débuts ont été modestes et en dents de scie jusqu’à ce que le compensateur de dispersion raccordable voit le jour. Ce composant est venu révolutionner les fournisseurs de service Internet. « La capacité des réseaux était limitée à 10 gigabits/seconde. Notre produit a multiplié la capacité par quatre, s’est rappelé Alain-Jacques Simard. Avoir été en avant a été payant pour nous. Nous avons même refusé des offres d’achat à cette période », poursuit-il.

L’entreprise élabore et fabrique des composants et des modules optiques pour les réseaux de communication haute vitesse, les lasers à fibres et les applications de capteurs optiques. Elle a des clients à travers le monde, dans 45 pays pour être précis. Teraxion a récemment obtenu son plus important contrat avec un « très gros joueur américain et il pourrait avoir un impact important dans le quotidien de beaucoup de monde ». Pour des raisons de confidentialité, c’est tout ce qu’il dira.

Doté d’un bon sens de l’humour, le p.-d.g. adore utiliser des images fortes. « Grafigner le char et atterrir sur la bedaine, sont deux de nos expressions préférées ici. Elles ne sont pas péjoratives. Elles reflètent comment s’est finalisé le projet: une négociation ou une livraison », dit celui qui a épinglé à son mur une photo d’un Airbus 380 voulant se poser sur un porte-avion, « deux fantastiques créations qui ne vont pas ensemble ». 

Voler un million de milles 

Se lancer en affaires, c’est accepter de faire des sacrifices. Fonder une entreprise qui fait des affaires sur tous les continents a pour effets de les multiplier. « J’ai volé environ un million de milles sur les ailes d’Air Canada. Je n’ai pas compté ceux avec les autres compagnies! », indique Alain-Jacques Simard. 

Ses voyages d’affaires ne se passent pas comme dans des films, lorsqu’on voit les deux avocats des compagnies assis et s’échanger des documents. « La patience est de mise. Il faut s’adapter aux cultures. Par exemple, porter une cravate dans certaines parties des États-Unis te fait passer pour un extra-terrestre. Ne pas en porter une ailleurs donne le même effet. En Chine, au Japon, aux États-Unis, les négociations sont longues. Selon l’endroit, les questions sont nombreuses ou très très nombreuses », admet l’homme d’affaires, sourire en coin.

Aujourd’hui, Teraxion vaut des dizaines de millions. Son président directeur général ne dit pas combien lui, il vaut, mais admet : « Je suis très à l’aise avec ma situation par rapport aux risques que j’ai pris pour fonder et développer la compagnie. Pendant 16 ans, j’ai travaillé au moins 60 heures par semaine. Aujourd’hui, c’est plus 40-50 heures ».

Au début de l’année, Teraxion a vendu une unité d’affaire prometteuse  et des brevets à la compagnie américaine Ciena: une transaction de 46 M $ canadiens. Une trentaine d’employés ont alors changé d’employeur. 125 personnes travaillent toujours pour Teraxion. Cette entente ne veut surtout pas dire que l’entreprise perd de la vitesse. « La compétition, c’est sain, mais la collaboration est meilleure », souligne Alain-Jacques Simard.  

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