50 % des crimes commis par les adolescents sont de nature sexuelle

Par Jean-Sébastien Tremblay 3:09 PM - 16 mars 2018
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Près de la moitié des crimes commis par les adolescents et adolescentes charlevoisiens sont de nature sexuelle. En effet, Me Marie-Ève Béliveau, procureure de la couronne, constate qu’à l’ère des médias sociaux, plusieurs ont l’impression trompeuse qu’ils peuvent agir en toute impunité. Pour celle-ci, l’éducation des jeunes et la prévention sont nécessaires afin d’enrayer ces agissements.
« Dans Charlevoix, je constate qu’il y a une augmentation des accusations pour leurre chez les adolescents », avance l’avocate d’expérience qui dirige ces dossiers devant la Cour du Québec, chambre de la jeunesse. Elle explique que ce crime, intégré au Code criminel vers 2012, survient entre autres lorsqu’une personne de tout âge demande à un mineur de lui envoyer des photos explicites d’elle-même. « Dans bien des dossiers, ces demandes s’inscrivent dans le cadre d’un jeu anodin auquel participent exclusivement des adolescents. Par exemple, l’envoi d’une photo d’une partie génitale peut être demandé comme conséquence au jeu vérité/conséquences », explique-t-elle. À ce moment, l’acte criminel est commis et le jeune s’expose à des procédures judiciaires. D’ailleurs, les dossiers de drogue, de voie de fait, de menace, de vol, etc. ne représentent maintenant que la moitié de sa pratique, l’autre moitié étant dédiée aux infractions de nature sexuelle. Cette proportion est nettement plus élevée que celle observée chez les contrevenants adultes.
Me Béliveau constate un manque d’éducation chez les jeunes par rapport à ces crimes. « Les adolescents ne réalisent pas que l’âge de la personne qui commet l’acte n’a aucune incidence sur les chefs d’accusation portés », souligne-t-elle. Par exemple, elle indique qu’un mineur qui envoie à ses amis des photos de nature sexuelle reçues d’une autre personne mineure pourra être accusé de distribution de pornographie juvénile, au même titre que les adultes. Selon cette dernière, la popularité des réseaux sociaux a une incidence sur les comportements des jeunes. « [Ils] croient que parce que les échanges sont faits en ligne, ces derniers sont confidentiels. Les jeunes pensent qu’ils sont alors à l’abri. Or, ce n’est pas le cas. La Sûreté du Québec possède une équipe de lutte à la cybercriminalité, qui est capable de retrouver les données, même si elles ont été effacées », déclare-t-elle.
La représentante du ministère public dans Charlevoix affirme qu’il y a plusieurs croyances erronées par rapport au système pénal pour adolescents. « Tout d’abord, ce n’est pas vrai que le dossier criminel d’un adolescent s’efface lorsqu’il franchit le cap des 18 ans. En fait, s’il ne commet pas d’autres impairs dans les cinq années suivant sa majorité, il ne s’affichera plus au plumitif. Par contre, il est toujours possible de le retrouver, car les données ne sont pas effacées », décrit-elle. De plus, contrairement à ce qui est véhiculé dans la population, la Cour du Québec, chambre de la jeunesse, n’est pas un tribunal de second ordre. « Les audiences sont présidées par de vrais juges. Les adolescents ont l’obligation d’être présents à chaque apparition au rôle même s’ils sont représentés par un avocat, contrairement aux adultes », énonce-t-elle. De plus, Me Béliveau refuse de parler de sentences plus clémentes. Elle indique plutôt que celles-ci sont personnalisées aux besoins du jeune, dans un but de réinsertion sociale.
L’avocate constate aussi un manque d’éducation chez les jeunes par rapport aux conséquences possibles de leurs gestes. Elle croit que dans plusieurs dossiers, le crime aurait pu être évité si l’adolescent avait été sensibilisé par rapport aux comportements reprochés. Elle invite donc les parents et toutes les personnes qui interagissent avec les adolescents à les informer des dangers liés à l’échange de photos explicites ou de tout autre contenu de nature sexuelle.

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